Activités extra-scolaires : ni trop, ni trop peu

Activités extra-scolaires : ni trop, ni trop peu

Comme en chaque début d’année se pose le choix des activités extra-scolaires. Du judo à la danse, en passant par la musique ou le théâtre, c’est tout un équilibre à trouver entre le plaisir de la découverte, l’apprentissage de la persévérance et l’éducation globale de la personne. De nombreux écueils nous guettent : en le forçant, nous risquons de dégoûter un enfant d’une activité, ou de l’épuiser par un emploi du temps plein à craquer. Et comment éviter à nos enfants de papillonner d’une activité à l’autre, sans jamais s’engager et sans jamais rien faire à fond ?

Chez nous, les enfants ont beaucoup (beaucoup !) d’activités « extra-scolaires ». Justement parce qu’en fait toute notre vie est « extra-scolaire ». Avec l’école à la maison, nos après-midi sont libres pour des activités, des sorties, qu’elles soient culturelles, pédagogiques, sportives, ludiques, artistiques… Les enfants ne sont pas fatigués par une longue journée d’école, ils gardent donc suffisamment de concentration pour pratiquer une activité le soir. Le décalage avec les enfants scolarisés est parfois cocasse : nous nous sommes déjà retrouvés à nous changer rapidement dans la voiture parce que nous revenions d’une sortie pluvieuse en forêt (bottes, pantalons de pluie crasseux, K-ways…) et que mon aîné devait se rendre au solfège et retrouver ses petits camarades qui eux, sortaient bien proprets de l’école primaire voisine…

C’est l’occasion pour eux d’explorer leurs talents, de découvrir de nouvelles choses, mais aussi de se faire de nouveaux amis. Il existe des réseaux de familles qui pratiquent l’IEF (l’instruction en famille), les rencontres sont faciles, mais je tiens aussi à ce qu’ils fréquentent des enfants scolarisés et pour ça, le sport ou les activités manuelles sont formidables ! Alors que nous avons déménagé il y a un an et que nous étions un peu inquiets de savoir s’ils se reconstitueraient un groupe d’amis, nous avons vite été rassurés. Ils ont rapidement sympathisé avec plusieurs autres enfants et depuis nous nous invitons respectivement à la maison pour que les enfants jouent ensemble.

Justaucorps de danse

Mais c’est aussi l’occasion de découvrir d’autres styles éducatifs : chacun de leur professeur a sa méthode, son caractère, ses exigences… et tout cela leur permet de se confronter au monde réel et à la diversité des pédagogies. Notre objectif en pratiquant l’instruction en famille n’est pas de les faire grandir dans un ghetto, protégés et isolés du monde, mais au contraire de les y préparer dans de bonnes conditions, et surtout de les préparer à s’adapter à toutes les circonstances.

« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l’enfant à cultiver ses facultés de création et d’adaptation. » (Maria Montessori)

Nous avons donc choisi beaucoup d’activités extrascolaires cette année encore : judo, piano et solfège, scrapbooking, caté pour F. (7 ans et demi), danse, piano et solfège, scrapbooking pour E. (bientôt 6 ans) et peut-être (nous allons tester aujourd’hui même) babygym pour S. (2 ans et 8 mois). Je ne recommanderais certainement pas ce planning à des enfants scolarisés, burn-out assuré ! Mais ici, cela nous permet d’avoir pour chacun des deux grands une activité sportive, de la musique et une activité manuelle, plus la catéchèse puisque nous sommes croyants et qu’il faut bien prendre soin de l’âme comme on prend soin du corps et de l’esprit.

Comment choisir les activités ?

Je considère qu’il y a certaines choses qui font pour moi partie de l’éducation globale de la personne. La catéchèse en fait partie et n’est pas négociable pour l’instant (la forme qu’elle peut prendre est elle en revanche négociable, nous allons régulièrement en discuter en famille pour voir ce qui convient le mieux à chacun). De même, je considère que la musique fait partie des apprentissages importants. Je pourrais assurer une formation de base à mes enfants, leur apprendre le solfège, un peu de piano, de chant… Mais malgré mes 12 ans de musique en cumulé, j’avoue que je préfère largement déléguer tout cela à des professionnels! Je préfère qu’il y ait un horaire fixe dans la semaine, encadré par quelqu’un qui a l’habitude, qui sait quand il faut avancer et quand il faut approfondir, et surtout par quelqu’un d’extérieur qui tient mes enfants pour responsables de leur travail. Pour une fois ce n’est pas moi qui leur demande de travailler tous les jours, c’est leur professeur de musique. Et ça, ça fait du bien !

Je vous rassure, je ne compte pas imposer à mes enfants des années et des années de musique s’il s’avère qu’ils n’aiment pas ça !Je tiens à ce qu’ils aient des bases, en particulier en piano et en chant, et si par la suite ils veulent choisir un autre instrument (les journées portes ouvertes ou les concerts de fin d’année des écoles de musique sont de fantastiques occasions de découvrir toutes sortes d’instruments), je les y encouragerai, mais c’est tout. Pour d’autres parents, c’est le dessin ou le chinois qui constitueront des apprentissages indispensables. Cela dépend beaucoup de la culture familiale, c’est un point à ne pas négliger.

Pour le reste, il me semble indispensable que l’enfant participe au choix de ses activités. Comme le disait Maria Montessori, « A trois ans l’enfant a déjà posé les fondations de la personnalité. » Là encore, vous pouvez mettre à profit les journées portes ouvertes, les séances d’essai etc. pour faire tester différentes choses à votre enfant. Difficile en effet de s’imaginer ce que peut être le théâtre avant d’essayer ! Il faudra l’aider au début à faire ses choix, car un jeune enfant a tendance à vouloir tout faire, sans se rendre compte des efforts et de la fatigue que cela entraîne. Au départ, vous devrez lui poser un cadre : « tu peux choisir une ou deux activités parmi celles-ci ». Au fur et à mesure des années, il gagnera en autonomie et sera capable de faire des choix de plus en plus éclairés.

Quel genre d’activités choisir ?

On peut classer les activités extrascolaires en trois catégories : les activités sportives, les activités artistiques et les activités intellectuelles.

Parmi les activités sportives, un certain nombre proposent un niveau « baby » ou « éveil », pour des enfants généralement entre 3 et 6 ans. Il s’agit généralement de faire de la gymnastique générale, mais dans l’esprit du sport en question. Par exemple, au baby judo, on apprend à saluer en arrivant sur le tatami, on apprend le vocabulaire ou l’histoire du judo, tandis qu’à l’éveil à la danse, on travaille sur l’intentionnalité des gestes, sur l’expressivité du corps, et on apprend les positions de base. Le baby tennis fait faire de nombreux exercices avec la raquette et la balle, ce qui permet de découvrir la physique du rebond et de développer sa vision en 3D avec les mouvements de la balle. Chez les bébés nageurs, il s’agit avant tout d’apprivoiser l’eau et d’apprendre à flotter.

S’il s’agit de faire des petits champions à 3 ans, mon conseil est de fuir immédiatement ! Ce n’est pas l’âge pour lancer les enfants dans un rythme intense ou dans l’esprit de compétition, alors qu’ils n’ont même pas encore développé leur sens social. En revanche s’il s’agit de sensibiliser à la philosophie ou à l’esprit d’un sport tout en faisant bouger le corps, c’est parfait !

Normalement, un enfant qui est laissé libre de jouer, en particulier dehors, et qui ne passe pas beaucoup de temps devant des écrans, bouge suffisamment pour être en bonne santé. Contrairement aux adultes qui ont souvent un mode de vie plus sédentaire, ils n’ont pas besoin d’exercice supplémentaire. L’intérêt d’une activité sportive réside donc souvent ailleurs, et chaque sport a sa spécificité. Les sports collectifs favorisent l’esprit de collaboration, les arts martiaux apprennent à maîtriser son corps et son agressivité, l’athlétisme enseigne le dépassement de soi, l’équitation le respect de l’animal et la responsabilisation etc.

A vous de voir quel sport est le plus en adéquation avec les valeurs que vous voulez transmettre à vos enfants !

Les activités artistiques ne manquent pas non plus. Dans tous les cas il s’agit de développer sa créativité et d’éveiller au beau, seul le médium change : argile pour la poterie, papier pour le dessin, toile pour la peinture, bois pour la sculpture, laine ou coton pour les travaux d’aiguille, et bien entendu, instruments pour la musique et corps pour la danse.Ne négligez pas non plus les arts plus modernes comme la photo (voire la vidéo), le collage ou le manga ! Au niveau de la méthode, à vous de voir si vous privilégiez le savoir-faire académiqueou la découverte libre façon Arno Stern avec son fameux jeu de peindre.

Quant aux activités intellectuelles, il faut malgré tout qu’elles conservent un côté ludique pour ne pas trop rajouter aux heures scolaires. Il existe de nombreux endroits où s’imprégner d’une langue étrangère, sous forme de jeux, de chansons ou de diverses activités, comme au Goethe Institut pour l’allemand, au British Council ou au Kiddies Club à Paris pour l’anglais. Pour plus d’idées, jetez donc un œil à cette rubrique Familiscope.

Il existe bien d’autres possibilités pour apprendre par exemple les sciences (si vous avez un Fab Lab dans votre ville, il propose sûrement des rendez-vous passionnants sur l’utilisation des nouvelles technologies ou le jardinage en ville). Votre enfant peut apprendre la robotique avec des Legos Mindstorm ou suivre un stage à la Cité des sciences. En cherchant bien, vous trouverez aussi sûrement des clubs de programmation ludique ou des ateliers dans la nature, sur la faune et la flore.

Vous pouvez suggérer des activités à votre enfant pour développer ses talents ou au contraire pour renforcer des points faibles.Si votre fils passe des heures à griffonner, le dessin sera parfait ! Si votre fille n’est pas à l’aise dans l’eau, pourquoi pas du water-polo ou de la natation synchronisée ? Pour un garçon timide et réservé, le théâtre pourra faire des merveilles, tandis qu’une petite fille très à l’aise au niveau de la coordination pourra s’épanouir avec des instruments de musique complexes comme l’orgue ou la harpe.

N’hésitez pas à aller chercher des activités un peu plus originales que le classique judo-danse-piano (bon, d’accord, on ne montre pas vraiment le bon exemple)… Le cirque est parfait pour le sens de l’équilibre et la théâtralité, le handball est un sport à l’excellent esprit d’équipe, le scrapbooking est un bon moyen de partager ses souvenirs en photo avec toute la famille tout en développant sa créativité, et pour les ados, pensez au krav-maga, qui leur permettra de savoir se défendre tout en développant un excellent esprit de respect, de persévérance et de maîtrise de soi.

Enfin, si vous n’arrivez pas à choisir, pensez aux stages pendant les vacances. En 3 ou 7 jours, votre enfant peut découvrir une activité de façon plus approfondie qu’en une seule séance hebdomadaire, et c’est l’occasion de se faire de merveilleux souvenirs et de nouer des liens forts lors d’un stage de voile, de ski, d’escalade ou encore un camp scout.

Et s’il veut changer d’activité ?

Deux cas très différents : ou bien votre enfant veut changer d’activité (ou l’arrêter) à la rentrée de septembre, ou bien il souhaite en changer en cours d’année.

Dans le premier cas, où est le souci ? Surtout si votre enfant est jeune, c’est normal de vouloir découvrir de nouvelles choses, et les jeunes enfants évoluent tellement vite dans leurs goûts et dans leur développement que cela n’a rien de surprenant.

Mais dans le deuxième, je considère que ce n’est pas lui rendre service que de le laisser faire. Je ne parle pas bien entendu des cas graves où un enfant se retrouverait harcelé par un groupe ou bien aurait des problèmes de santé causés par un sport particulier. Je parle du cas classique d’un enfant qui s’est lassé et veut arrêter une activité, peut-être attiré par la nouveauté de quelque chose d’autre.

Pour pouvoir bien gérer cette situation, il faut s’y être pris à l’avance et avoir établi un contrat en début d’année : à partir du moment où la séance d’essai est passée et où on signe l’inscription, à partir du moment où on achète le matériel nécessaire, il faut bien expliquer à l’enfant qu’il s’engage pour l’année entière. Vous pouvez bien sûr lui expliquer que s’il en a marre, il pourra changer l’année prochaine, mais qu’il ne peut réellement découvrir les richesses de son activité extrascolaire qu’en la pratiquant pendant une année entière.

Vous pourrez rappeler ce contrat à l’enfant lorsqu’il parlera d’arrêter. Surtout ne vous énervez pas (on peut raisonnablement se sentir frustré lorsqu’on a investi parfois une grosse somme dans l’achat d’un instrument de musique ou d’un équipement sportif, que l’on a fait le sacrifice de son temps de repos pour faire des conduites etc.), le calme est la plus puissante des ressources dans ce cas-là. C’est votre détermination et votre résolution qui fourniront le meilleur cadre à l’enfant : si on commence quelque chose, on finit l’année, ce n’est pas négociable.

Mais si votre enfant continue d’aller au foot ou au piano à reculons, vous voilà bien avancé ! C’est pourquoi il faut absolument expliquer à l’enfant ce qu’il vit. Dans tous les apprentissages, il y a une courbe que l’on suit : au début, on progresse rapidement, tout est nouveau, on est motivé, on avance à pas de géant ! Puis on atteint un plateau. On a l’impression de stagner, que tous les efforts ne servent à rien, et on perd tout intérêt pour l’activité, d’autant que tout d’un coup, le club de natation du copain commence à nous faire de l’œil…

Shiny Object Syndrome

Les Anglais parlent du « Shiny object syndrome » : le syndrome de ce qui brille. C’est tout simple, à chaque fois que l’on est engagé dans quelque chose depuis un certain temps et que la lassitude commence à se faire sentir, la première nouveauté qui passe nous paraît irrésistible et on se laisse distraire. En gros « l’herbe est toujours plus verte ailleurs »… C’est d’ailleurs la même chose dans un mariage ! Après quelques années, la passion des débuts s’érode et on risque d’être attiré par la première aventure venue…

Mais si l’on s’accroche, si l’on persévère, c’est là que l’on en retire tous les bénéfices, que ce soit un beau mariage, stable et épanoui, le succès professionnel ou, plus simplement… le passage d’un cap dans sa pratique sportive ou artistique. Il est crucial d’expliquer ce processus aux enfants, de leur parler de la courbe d’apprentissage, qui progresse très vite au début, atteint un plateau, puis se remet à progresser rapidement (avant d’atteindre un nouveau plateau etc.). C’est l’une des meilleures armes que l’on puisse leur donner dans la vie.

Courbe d’apprentissage typique (et ensuite tout recommence)

Il est important aussi qu’ils nous voient nous aussi continuer à apprendre et persévérer dans une activité.Il n’y a pas meilleur exemple pour un enfant que de voir ses parents apprendre avec difficulté l’italien ou le violon, ou suer à grosses gouttes pour atteindre un objectif important comme un marathon ou un examen. J’étais très fière que mes enfants soient là le jour où j’ai reçu mes ceintures de krav-maga ! Ils venaient quant à eux de recevoir leurs ceintures de judo, donc ils comprenaient très bien ce que cela signifiait, ils m’avaient vue partir chaque semaine m’entraîner, je leur avais fait une petite démonstration et ils ont largement partagé ma joie !

De même, tandis que je préparais le semi-marathon de Paris l’année dernière, ils m’ont vue chaque matin rentrer après être allée courir 10 minutes… ou 1h. J’allais m’entraîner vers 6h30, avant que mon mari ne parte au travail et que je ne doive m’occuper des enfants. Ma grossesse a interrompu ces efforts, mais ils m’ont vu persévérer et ils ont intégré que pour progresser, il faut s’entraîner régulièrement.

Au-delà de ce qu’ils pourront apprendre dans leurs activités, je crois quel’apprentissage de la persévérance est le plus important de tousTout ce qui vaut la peine dans la vie nécessite qu’on y travaille sur la durée. Si nous avons fait passer ce message à nos enfants, si nous leur avons donné les outils pour continuer à s’accrocher lorsqu’ils se lassent et si nous leur avons-nous-même montré l’exemple, alors ils seront bien armés pour s’attaquer à tous les défis !

Bon, je vous laisse, je dois filer à la babygym…

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