Activités extrascolaires pour ses enfants : comment les choisir ?
Comme en chaque début d’année se pose le choix des activités extrascolaires. Du judo à la danse, en passant par la musique ou le théâtre, c’est tout un équilibre à trouver entre le plaisir de la découverte, l’apprentissage de la persévérance et l’éducation globale de la personne. De nombreux écueils nous guettent : en le forçant, nous risquons de dégoûter un enfant d’une activité, ou de l’épuiser par un emploi du temps plein à craquer. Et comment éviter à nos enfants de papillonner d’une activité à l’autre, sans jamais s’engager et sans jamais rien faire à fond ?
À travers le partage de notre expérience avec nos 5 enfants, je voudrais vous donner quelques pistes pour faire les bons choix d’activités extrascolaires pour vos enfants…
Avant de continuer, si vous préférez écouter le podcast de cet article, par exemple en faisant vos tâches ménagères ou pendant un trajet en voiture, je vous invite à cliquer sur le lecteur ci-dessous :
Les bienfaits des activités extrascolaires
L’école est une chose, mais il y a bien d’autres endroits où apprendre et progresser. Les écoles de musique, les clubs sportifs, les associations culturelles ou artistiques… Les enfants y développent bien d’autres compétences !
Voici quelques-uns des bienfaits des activités extrascolaires :
- Quand les enfants ont des difficultés à l’école, ils peuvent au contraire se révéler dans une activité qui leur convient mieux. S’ils se mettent à remporter des compétitions, à passer des examens au conservatoire ou à réaliser des belles choses, ils pourront alors développer leur estime d’eux-mêmes et leur confiance en eux.
- Les activités extrascolaires sont l’occasion d’aborder ou d’approfondir des domaines un peu négligés par l’école : l’art, l’activité physique, le travail manuel, la nature… C’est une source d’ouverture d’esprit pour les enfants.
- Ces derniers apprennent à mieux se connaître, avec leurs forces et leurs faiblesses : ont-ils un talent particulier pour tel ou tel sport, tel ou tel art ? Peut-être qu’ils ont une aisance particulière sur scène ou qu’ils ont des difficultés de mémorisation. Toutes ces découvertes seront précieuses pour grandir et s’épanouir.
- Les enfants créent et développent des relations avec les autres dans un cadre différent, souvent plus détendu. Ils se font de nouveaux amis.
- Les activités extrascolaires encouragent la patience, le goût de l’effort et la persévérance, à travers des moments de plaisir, puisque l’enfant peut choisir ses domaines de prédilection.
- Elles représentent aussi une opportunité de découvrir d’autres styles éducatifs : chacun de leur professeur a sa méthode, son caractère, ses exigences… et tout cela leur permet de se confronter au monde réel et à la diversité des pédagogies.
Si vous en voyez d’autres, n’hésitez pas à les partager en commentaires sur cet article !
Combien d’activités extrascolaires ? Ni trop, ni trop peu…
Oui, c’est une réponse de Normand ! C’est que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte…
En premier lieu l’âge, évidemment. On voit parfois des enfants de 3 ans avec des emplois du temps de ministres ! Une seule activité, par exemple de la baby-gym ou de l’éveil musical, est largement suffisante à cet âge, où il s’agit surtout de découvrir. On peut augmenter le nombre d’activités lorsque les enfants grandissent.
En second lieu, le rythme de l’enfant pendant la semaine.
Notre cas est très particulier : nos enfants sont instruits en famille, avec du travail formel uniquement le matin pour les niveaux de maternelle ou de primaire, et du travail formel jusqu’à 16h30 pour notre collégien.
Il nous est donc arrivé de proposer jusqu’à 2 activités vers 3 ou 4 ans, mais uniquement parce que ce rythme est très léger.
Et chez nous, les grands ont parfois eu beaucoup (beaucoup !) d’activités « extra-scolaires ». Justement parce qu’en fait toute notre vie est « extra-scolaire ». Avec l’école à la maison, nos après-midi sont libres pour des activités, des sorties, qu’elles soient culturelles, pédagogiques, sportives, ludiques, artistiques…
Les enfants ne sont jamais fatigués par une longue journée d’école, ils gardent donc suffisamment de concentration pour pratiquer une activité le soir. Le décalage avec les enfants scolarisés est parfois cocasse : nous nous sommes déjà retrouvés à nous changer rapidement dans la voiture parce que nous revenions, bien détendus, d’une sortie pluvieuse en forêt (bottes, pantalons de pluie crasseux, K-ways…) et que mon aîné devait se rendre au solfège et retrouver ses petits camarades qui eux, sortaient bien proprets de l’école primaire voisine…
Par ailleurs, si les activités extrascolaires sont l’occasion pour eux d’explorer leurs talents, et de découvrir de nouvelles choses, elles sont aussi une opportunité de se faire de nouveaux amis. Il existe des réseaux de familles qui pratiquent l’IEF (l’instruction en famille), les rencontres sont faciles, mais je tiens aussi à ce qu’ils fréquentent des enfants scolarisés et pour ça, le sport ou les activités manuelles sont formidables ! Après chaque déménagement, lorsque nous étions un peu inquiets de savoir s’ils se reconstitueraient un groupe d’amis, nous avons vite été rassurés. Ils ont à chaque fois rapidement sympathisé avec plusieurs autres enfants, grâce à ces activités extrascolaires, et nous nous sommes ensuite invités respectivement à la maison pour que les enfants jouent ensemble.

Enfin, notre objectif en pratiquant l’instruction en famille n’est pas de les faire grandir dans un ghetto, protégés et isolés du monde, mais au contraire de les y préparer dans de bonnes conditions, et surtout de les préparer à s’adapter à toutes les circonstances.
« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l’enfant à cultiver ses facultés de création et d’adaptation. » (Maria Montessori)
Certaines années, nous avons ainsi choisi beaucoup d’activités extrascolaires : par exemple judo, piano et solfège, scrapbooking, caté quand F. avait 7 ans et demi, ou même danse classique et jazz, flûte et solfège, scrapbooking, caté et judo pour E. quand elle avait 10 ans !
Je ne recommanderais certainement pas ce planning à des enfants scolarisés, burn-out assuré ! Ni pour des enfants plus jeunes, qui ont besoin d’encore plus de temps de simple découverte ou de jeu libre. Mais en l’occurrence, cela nous a permis d’avoir pour chacun des deux grands une activité sportive, de la musique et une activité manuelle, plus la catéchèse puisque nous sommes croyants et qu’il faut bien prendre soin de l’âme comme on prend soin du corps et de l’esprit.
À l’inverse, après notre dernier déménagement, nous sommes arrivés dans une nouvelle région fin septembre. Nous devions nous installer, prendre nos marques, et il nous semblait difficile de démarrer un grand nombre d’activités extrascolaires en cours d’année (sans compter que nous avions décidé d’économiser pour cette maison). Nous avons donc limité chaque enfant à une activité extrascolaire pour cette année-là. Au final, ils se sont retrouvés largement occupés entre les amis invités à la maison, tous nos nouveaux animaux et les jeux dans notre nouveau chez-nous.
Enfin, le troisième paramètre, c’est vous ! Qui dit activité extrascolaire dit conduites, charge mentale, équipement, parfois devoirs comme pour la musique… Êtes-vous prête à assumer cela ? Évidemment les choses sont différentes si votre enfant est déjà grand et peut aller directement de l’école au gymnase ou à l’école de musique, s’il est autonome dans sa pratique. À l’inverse, certaines activités comportent beaucoup d’à-côté, comme des compétitions le week-end ou des manifestations pour récolter de l’argent pour le club.
Il est important que le choix des activités extrascolaires se fasse donc en famille et que tout le monde soit réellement partant, parents comme enfants. Et peut-être que cela invite à certains compromis, par exemple en encourageant deux enfants à pratiquer le même sport ou à aller dans le même club artistique…
Bref, 8 activités extrascolaires ou une seule, il n’y a pas une seule solution idéale : à vous de voir en fonction de l’âge de votre enfant, de son emploi du temps existant (en prenant en compte le temps des éventuels devoirs le soir) et de manière générale de l’équilibre familial.
Comment choisir les activités extrascolaires ?
C’est là que se pose la question de vos valeurs et de votre culture familiale.
Personnellement, je considère qu’il y a certaines choses qui font pour moi partie de l’éducation globale de la personne. La catéchèse en fait partie et n’est pas négociable pour l’instant (la forme qu’elle peut prendre est elle en revanche négociable, nous allons régulièrement en discuter en famille pour voir ce qui convient le mieux à chacun). De même, je considère que la musique fait partie des apprentissages importants. Elle permet tellement de choses au niveau du cerveau, elle permet un travail sur les émotions, elle est un formidable moyen d’expression… Pour nous, c’est une activité indispensable.
Je pourrais assurer une formation de base à mes enfants, leur apprendre le solfège, un peu de piano, de chant… Mais malgré mes 14 ans de musique en cumulé, j’avoue que je préfère largement déléguer tout cela à des professionnels ! Je préfère qu’il y ait un horaire fixe dans la semaine, encadré par quelqu’un qui a l’habitude, qui sait quand il faut avancer et quand il faut approfondir, et surtout par quelqu’un d’extérieur qui tient mes enfants pour responsables de leur travail. Pour une fois ce n’est pas moi qui leur demande de travailler tous les jours, c’est leur professeur de musique. Et ça, ça fait du bien !
Je vous rassure, je ne compte pas imposer à mes enfants des années et des années de musique s’il s’avère qu’ils n’aiment pas ça ! Mais je tiens à ce qu’ils aient des bases, en particulier en piano et en chant, et si par la suite ils veulent choisir un autre instrument (les journées portes ouvertes ou les concerts de fin d’année des écoles de musique sont de fantastiques occasions de découvrir toutes sortes d’instruments), je les y encouragerai, mais c’est tout. Après avoir suivi 3 années de piano, notre aîné a ainsi arrêté, mais il lui arrive fréquemment de s’asseoir devant le piano pour rejouer de petits morceaux. Si, jeune homme, il souhaite s’y remettre, ce sera très facile pour lui, car il aura les bases.
Alors que je vois la différence avec mon mari, qui n’a jamais fait de musique de sa vie et a commencé le piano, en autodidacte, il y a environ un an. Il est beaucoup plus difficile d’apprendre à l’âge adulte, alors que le cerveau est beaucoup moins malléable ! Il n’est certes jamais trop tard, mais autant poser les bases plus jeune.
Si je vous partage tout cela, ce n’est que pour vous donner un exemple. A vous de voir ce à quoi vous tenez par-dessus tout ! Pour d’autres parents, c’est le dessin, le foot ou le chinois qui constitueront des apprentissages indispensables. Cela dépend beaucoup de la culture familiale, c’est un point à ne pas négliger.
Pour le reste, il me semble indispensable que l’enfant participe au choix de ses activités extrascolaires. Comme le disait Maria Montessori, « A trois ans l’enfant a déjà posé les fondations de la personnalité. ». Vous pouvez mettre à profit les journées portes ouvertes, les séances d’essai etc. pour faire tester différentes choses à votre enfant. Difficile en effet de s’imaginer ce que peut être le théâtre avant d’essayer ! Il faudra l’aider au début à faire ses choix, car un jeune enfant a tendance à vouloir tout faire, sans se rendre compte des efforts et de la fatigue que cela entraîne. Au départ, vous devrez lui poser un cadre : « Tu peux choisir une ou deux activités parmi celles-ci ». Et au fur et à mesure des années, il gagnera en autonomie et sera capable de faire des choix de plus en plus éclairés.
L’un de mes neveux, lors des journées portes ouvertes du conservatoire, a ainsi choisi à 6 ans de jouer du cor, un instrument peu commun mais qui lui a tout de suite plu ! Vous serez parfois surpris par les choix de vos enfants…
A l’inverse, je vous encourage à ne pas faire d’investissement financier trop important dans une activité pour ne pas « enfermer » l’enfant dans son choix (par exemple si vous achetez un instrument de musique ou un équipement sportif coûteux). Plus ils sont jeunes, plus ils ont envie d’essayer de nouvelles choses, et c’est bien normal ! Pensez ainsi à la location d’instrument ou de matériel.
Quelles activités choisir ?
On peut classer les activités extrascolaires en trois catégories : les activités sportives, les activités artistiques et les activités intellectuelles.
Parmi les activités sportives, un certain nombre proposent un niveau « baby » ou « éveil », pour des enfants généralement entre 3 et 6 ans. Il s’agit le plus souvent de faire de la gymnastique générale, mais dans l’esprit du sport en question. Par exemple, au baby judo, on apprend à saluer en arrivant sur le tatami, on apprend le vocabulaire ou l’histoire du judo, tandis qu’à l’éveil à la danse, on travaille sur l’intentionnalité des gestes, sur l’expressivité du corps, et on apprend les positions de base. Le baby tennis fait faire de nombreux exercices avec la raquette et la balle, ce qui permet de découvrir la physique du rebond et de développer sa vision en 3D avec les mouvements de la balle. Chez les bébés nageurs, il s’agit avant tout d’apprivoiser l’eau et d’apprendre à flotter.
S’il s’agit d’en faire des petits champions dès l’âge de 3 ans, mon conseil est de fuir immédiatement ! Ce n’est pas le moment de lancer les enfants dans un rythme intense ou dans l’esprit de compétition, alors qu’ils n’ont même pas encore développé leur sens social. En revanche s’il s’agit de sensibiliser à la philosophie ou à l’esprit d’un sport tout en faisant bouger le corps, c’est parfait !
Normalement, un enfant qui est laissé libre de jouer, en particulier dehors, et qui ne passe pas beaucoup de temps devant des écrans, bouge suffisamment pour être en bonne santé. Contrairement aux adultes qui ont souvent un mode de vie plus sédentaire, ils n’ont pas besoin d’exercice supplémentaire. L’intérêt d’une activité sportive réside donc souvent ailleurs, et chaque sport a sa spécificité. Les sports collectifs favorisent l’esprit de coopération, les arts martiaux apprennent à maîtriser son corps et son agressivité, l’athlétisme enseigne le dépassement de soi, l’équitation le respect de l’animal et la responsabilisation etc.
A vous de voir quel sport est le plus en adéquation avec les valeurs que vous voulez transmettre à vos enfants !
Les activités artistiques ne manquent pas non plus. Dans tous les cas il s’agit de développer sa créativité et d’éveiller au beau, seul le médium change : argile pour la poterie, papier pour le dessin, toile pour la peinture, bois pour la sculpture, laine ou coton pour les travaux d’aiguille, et bien entendu, instruments pour la musique et corps pour la danse. Ne négligez pas non plus les arts plus modernes comme la photo (voire la vidéo), le collage ou le manga ! Au niveau de la méthode, à vous de voir si vous privilégiez le savoir-faire académique ou la découverte libre façon Arno Stern avec son fameux jeu de peindre.
Quant aux activités intellectuelles, il faut malgré tout qu’elles conservent un côté ludique pour ne pas trop rajouter aux heures scolaires. Il existe de nombreux endroits où s’imprégner d’une langue étrangère, sous forme de jeux, de chansons ou de diverses activités, comme au Goethe Institut pour l’allemand, au British Council ou au Kiddies Club à Paris pour l’anglais. Pour plus d’idées, jetez donc un œil à cette rubrique sur Familiscope.
Il existe bien d’autres possibilités pour apprendre par exemple les sciences (si vous avez un Fab Lab dans votre ville, il propose sûrement des rendez-vous passionnants sur l’utilisation des nouvelles technologies ou le jardinage en ville). Votre enfant peut apprendre la robotique avec des Legos Mindstorm ou suivre un stage à la Cité des sciences. En cherchant bien, vous trouverez aussi sûrement des clubs de programmation ludique ou des ateliers dans la nature, sur la faune et la flore.
Vous pouvez suggérer des activités à votre enfant pour développer ses talents ou au contraire pour renforcer des points faibles. Si votre fils passe des heures à griffonner, le dessin sera parfait ! Si votre fille n’est pas à l’aise dans l’eau, pourquoi pas du water-polo ou de la natation synchronisée ? Pour un garçon timide et réservé, le théâtre pourra faire des merveilles, tandis qu’une petite fille très à l’aise au niveau de la coordination pourra s’épanouir avec des instruments de musique complexes comme l’orgue ou la harpe.
N’hésitez pas à aller chercher des activités un peu plus originales que le classique judo-danse-piano (bon, d’accord, on ne montre pas vraiment le bon exemple)… Le cirque est parfait pour le sens de l’équilibre et la théâtralité, le handball est un sport à l’excellent esprit d’équipe, le scrapbooking est un bon moyen de partager ses souvenirs en photo avec toute la famille tout en développant sa créativité, et pour les ados, pensez au krav-maga, qui leur permettra de savoir se défendre tout en développant un excellent esprit de respect, de persévérance et de maîtrise de soi.
Enfin, si vous n’arrivez pas à choisir, pensez aux stages pendant les vacances. En 3 ou 7 jours, votre enfant peut découvrir une activité de façon plus approfondie qu’en une seule séance hebdomadaire, et c’est l’occasion de se faire de merveilleux souvenirs et de nouer des liens forts lors d’un stage de voile, de ski, d’escalade ou encore un camp scout.
Et s’il veut changer d’activité extrascolaire ?
Deux cas très différents : ou bien votre enfant veut changer d’activité (ou l’arrêter) à la rentrée de septembre, ou bien il souhaite en changer en cours d’année.
Dans le premier cas, où est le souci ? Surtout si votre enfant est jeune, c’est normal de vouloir découvrir de nouvelles choses, et les jeunes enfants évoluent tellement vite dans leurs goûts et dans leur développement que cela n’a rien de surprenant.
Mais dans le deuxième, je considère que ce n’est pas lui rendre service que de le laisser faire. Je ne parle pas bien entendu des cas graves où un enfant se retrouverait harcelé par un groupe ou bien aurait des problèmes de santé causés par un sport particulier. Je parle du cas classique d’un enfant qui s’est lassé et veut arrêter une activité, peut-être attiré par la nouveauté de quelque chose d’autre.
Pour pouvoir bien gérer cette situation, il faut s’y être pris à l’avance et avoir établi un contrat en début d’année : à partir du moment où la séance d’essai est passée et où on signe l’inscription, à partir du moment où on achète le matériel nécessaire, il faut bien préciser à l’enfant qu’il s’engage pour l’année entière. Vous pouvez bien sûr lui expliquer que s’il en a marre, il pourra changer l’année prochaine, mais qu’il ne peut réellement découvrir les richesses de son activité extrascolaire qu’en la pratiquant pendant une année entière.
Vous pourrez rappeler ce contrat à l’enfant lorsqu’il parlera d’arrêter. Surtout ne vous énervez pas (on peut raisonnablement se sentir frustré lorsqu’on a investi parfois une grosse somme dans l’achat d’un instrument de musique ou d’un équipement sportif, que l’on a fait le sacrifice de son temps de repos pour faire des conduites etc.), le calme est la plus puissante des ressources dans ce cas-là. C’est votre détermination et votre résolution qui fourniront le meilleur cadre à l’enfant : si on commence quelque chose, on finit l’année, ce n’est pas négociable.
Mais si votre enfant continue d’aller au foot ou au piano à reculons, vous voilà bien avancé ! C’est pourquoi il faut absolument expliquer à l’enfant ce qu’il vit, qui est un phénomène parfaitement normal. Dans tous les apprentissages, il y a une courbe que l’on suit : au début, on progresse rapidement, tout est nouveau, on est motivé, on avance à pas de géant ! Puis on atteint un plateau. On a l’impression de stagner, que tous les efforts ne servent à rien, et on perd tout intérêt pour l’activité, d’autant que tout d’un coup, le club de natation du copain commence à nous faire de l’œil…
Shiny Object Syndrome
Les Anglais parlent du « Shiny object syndrome » : le syndrome de ce qui brille. C’est tout simple, à chaque fois que l’on est engagé dans quelque chose depuis un certain temps et que la lassitude commence à se faire sentir, la première nouveauté qui passe nous paraît irrésistible et on se laisse distraire. En gros « l’herbe est toujours plus verte ailleurs »… C’est d’ailleurs la même chose dans un mariage ! Après quelques années, la passion des débuts s’érode et on risque d’être attiré par la première aventure venue…
Mais si l’on s’accroche, si l’on persévère, c’est là que l’on en retire tous les bénéfices, que ce soit un beau mariage, stable et épanoui, le succès professionnel ou, plus simplement… le passage d’un cap dans sa pratique sportive ou artistique. Il est crucial d’expliquer ce processus aux enfants, de leur parler de la courbe d’apprentissage, qui progresse très vite au début, atteint un plateau, puis se remet à progresser rapidement (avant d’atteindre un nouveau plateau etc.). C’est l’une des meilleures armes que l’on puisse leur donner dans la vie.
Courbe d’apprentissage typique (et ensuite tout recommence)
Il est important aussi qu’ils nous voient, nous aussi, continuer à apprendre et persévérer dans une activité. Il n’y a pas meilleur exemple pour un enfant que de voir ses parents apprendre avec difficulté l’italien ou le violon, ou suer à grosses gouttes pour atteindre un objectif important comme un marathon ou un examen. J’étais très fière que mes enfants soient là le jour où j’ai reçu mes ceintures de krav-maga ! Ils venaient quant à eux de recevoir leurs ceintures de judo, donc ils comprenaient très bien ce que cela signifiait, ils m’avaient vue partir chaque semaine m’entraîner, je leur avais fait une petite démonstration et ils ont largement partagé ma joie !
De même, tandis que je préparais le semi-marathon de Paris, ils m’ont vue chaque matin rentrer après être allée courir 10 minutes… ou 1h. J’allais m’entraîner vers 6h30, avant que mon mari ne parte au travail et que je ne doive m’occuper des enfants. Ma grossesse a interrompu ces efforts, mais ils m’ont vu persévérer et ils ont intégré que pour progresser, il faut s’entraîner régulièrement.
Mon mari leur a également montré l’exemple en se mettant au piano à l’âge adulte. Il travaille ainsi très sérieusement, au moins une fois par jour, ne serait-ce que 10 minutes. Quel modèle pour notre fille de 5 ans qui a maintenant envie de faire aussi bien que son papa ! Chaque fois qu’elle le voit s’installer au piano, elle a envie d’en faire à son tour et cette saine émulation les fait tous les deux progresser.
Au-delà de ce que vos enfants pourront apprendre dans leurs activités, je crois que l’apprentissage de la persévérance est le plus important de tous. Tout ce qui vaut la peine dans la vie nécessite qu’on y travaille sur la durée. Si nous avons fait passer ce message à nos enfants, si nous leur avons donné les outils pour continuer à s’accrocher lorsqu’ils se lassent et si nous leur avons nous-même montré l’exemple, alors ils seront bien armés pour s’attaquer à tous les défis ! Et les activités extrascolaires sont un outil remarquable pour cela…
Bon, je vous laisse, je dois filer au judo !
