DISCIPLINE POSITIVE ET EDUCATION BIENVEILLANTE, EST-CE LA MÊME CHOSE ?
La discipline positive, j’en parlais dans mon dernier article qui expliquait pourquoi je n’adhérais pas du tout à l’éducation bienveillante telle qu’elle se pratique le plus souvent en France.
J’ai reçu beaucoup (beaucoup !) de réponses et de commentaires à cet article (j’en suis encore à traiter les centaines de commentaires un mois après car je les modère tous un par un pour éviter les messages de spammeurs vendeurs de bitcoins, inévitables sur les blogs malheureusement). Beaucoup de familles soulagées de découvrir qu’elles n’étaient pas les seules à être découragées par ce qu’elles ont pu expérimenter de l’éducation bienveillante.
Un ou deux messages parfaitement hostiles, méprisants et insultants qui se décrédibilisaient d’eux-mêmes (je ne fais pas de censure, je laisse ce genre de commentaires en essayant simplement d’y répondre de façon un peu plus constructive, puis généralement j’abandonne le débat).
Et une série de messages, parfois très courtois et respectueux, parfois plus agressifs, qui disaient en somme : « L’éducation bienveillante, ce n’est pas ça, ce n’est pas ce que vous décrivez. Pour moi, ce que vous appelez discipline positive et éducation bienveillante, c’est la même chose ! »
Il était donc nécessaire que j’approfondisse mon article précédent pour répondre à ces messages. Je suis d’ailleurs très heureuse que l’on puisse avoir un débat beaucoup plus poussé que ce que l’on voit d’habitude sur Internet, pour moi c’est le signe de la qualité de la communauté des Montessouricettes et l’une de mes plus grandes fiertés. Cela m’a aussi permis de clarifier ma pensée en échangeant avec vous sur Facebook, par mail ou dans les commentaires du dernier article. Ma réflexion n’aurait jamais été aussi approfondie sans vous, merci !
Alors y a-t-il réellement une différence entre l’éducation bienveillante et la discipline positive ? Si oui, quelle est-elle ? Est-ce que je ne serais pas juste en train d’essayer de remplacer un pseudo-remède miracle par un autre ?
Avant tout, je vais devoir (encore !) vous parler de l’éducation bienveillante. Je voudrais ensuite vous parler des différents styles parentaux et des études qui ont été faites dessus, avant de revenir sur ce qu’est la discipline positive et en quoi pour moi elle est incroyablement similaire à l’approche montessorienne.
L’éducation bienveillante a-t-elle une définition, comme la discipline positive ?
Est-ce que je me suis montrée fondamentalement injuste dans ma description des dégâts de l’éducation bienveillante ? Je crois m’être montrée parfaitement honnête et nuancée, je n’ai ni exagéré ni caricaturé : ce que j’ai écrit, j’en ai été témoin et j’ai eu depuis de très nombreux témoignages (dont certains en commentaires du dernier article) qui allaient dans le même sens.
En revanche, est-ce que ça représente l’intégralité des familles qui affirment pratiquer l’éducation bienveillante ? Non, bien sûr que non.
Mais le grand souci avec l’éducation bienveillante, c’est qu’il n’y a aucune autorité pour la définir, aucune source, aucune référence claire. Ce n’est pas un concept inventé ou formalisé par quelqu’un en particulier, même si, en France, on le rattache le plus souvent à des personnalités comme Isabelle Filliozat, Catherine Gueguen, Adele Faber ou Elaine Mazlish.
Au final, ma perception de l’éducation bienveillante n’est pas plus pertinente que celle des personnes qui m’ont répondu « Ce n’est pas ça l’éducation bienveillante ! ». Ni elles, ni moi, n’avons la moindre légitimité pour prétendre la définir.
Ce que je me contente de faire par conséquent, c’est de dénoncer les conséquences de la mode, de la tendance à se tourner vers cette éducation bienveillante, souvent fantasmée par beaucoup de parents : immense culpabilisation et découragement des parents, enfants perdus et insécurisés. Je ne me permettrai pas de juger si leur version de l’éducation bienveillante est plus juste ou moins juste qu’une autre.
Car parmi les parents qui pratiquent l’éducation bienveillante, certains refuse d’imposer la moindre chose à leurs enfants et d’autres se montrent au contraire d’une extrême fermeté. Qui ira les départager, pour savoir qui a raison ou pas de revendiquer ce terme de « bienveillance » ?
C’est aussi pourquoi je n’ai aucun doute sur le fait que certains pratiquent une éducation bienveillante qui est en fait rigoureusement identique à ma discipline positive. Imaginez en gros l’éducation bienveillante comme une gigantesque nébuleuse et la discipline positive comme un groupe d’étoiles qui recoupe cette nébuleuse.

Il y a des étoiles qui appartiennent à la nébuleuse : des parents qui appliquent la discipline positive en se revendiquant de l’éducation bienveillante. Des étoiles en dehors de la nébuleuse : des parents qui appliquent la discipline positive et refusent ou n’utilisent pas le terme de bienveillance. Et enfin tout le reste de la nébuleuse qui pratique une forme de bienveillance distincte de la discipline positive.
Mais alors que peut-on définir ? La discipline positive a-t-elle une définition bien claire ? En fait la première chose qui a été bien définie et étudiée depuis longtemps est le concept de style parental.
Education positive et style parental
En effet, cela fait des décennies que les chercheurs, les psychologues et les éducateurs cherchent à déterminer la meilleure façon d’élever des enfants.
Pour essayer d’évaluer les différents styles parentaux, il fallait commencer par les classifier. La classification généralement retenue est celle des styles parentaux, qui distingue les modes d’éducation suivant leur degré d’affection parentale (sensibilité, affectivité, façon de réagir…) et leur degré de contrôle parental (autorité, exigences, attentes placées sur l’enfant).
Ces deux dimensions peuvent porter différents noms, mais elles sont toujours globalement les mêmes dans toutes les études sur le sujet : un axe porte essentiellement sur les émotions, l’affection, l’attachement, le sentiment d’appartenance et l’autre axe sur le contrôle, la responsabilisation, l’attente d’une contribution.
Après de multiples recherches, entre autres menées par Diana Baumrind au début des années 70, ont donc été déterminés quatre style parentaux :

- le style désengagé : le parent n’est pas très à l’écoute des émotions de l’enfant et ne place aucune attente sur lui. Cela peut devenir une forme de maltraitance si le parent est vraiment très distant et se montre négligent.
- le style permissif : le parent est très à l’écoute des émotions de son enfant mais ne place aucune attente sur lui. L’enfant n’a pas ou peu de règles à respecter ou de contraintes, il n’a pas ou peu de responsabilités dans la famille.
- le style autoritaire : le parent a de fortes attentes sur l’enfant mais n’est pas à l’écoute de ses émotions. Comme dans le style désengagé, cela peut donner lieu à de la maltraitance.
- le style directif ou démocratique : le parent écoute les émotions de l’enfant et place en même temps un certain nombre d’attentes sur lui.
Selon ces critères, l’éducation bienveillante se retrouve à cheval entre le style parental permissif et le style parental démocratique suivant la façon dont les parents la pratiquent. Là encore, le problème de définition de l’éducation bienveillante resurgit.
En fait, le critère le plus simple pour essayer de mieux comprendre de quel type d’éducation bienveillante un parent parle, c’est de lui demander s’il a des attentes envers ses enfants. Par exemple, est-ce qu’il attend d’eux qu’ils fassent certaines choses à la maison ou qu’ils se comportent d’une certaine façon dans certaines circonstances ?
La discipline positive, en revanche, se place très clairement, comme nous le verrons par la suite, dans le cadre du style parental directif ou démocratique. L’équilibre entre l’affectivité et la responsabilisation est au cœur même de la discipline positive.
Vous me direz, c’est bien beau d’avoir défini des styles parentaux et d’essayer de mettre les parents dans de petites cases, mais qu’est-ce qu’on en conclut ?
En fait, une fois que ces styles parentaux ont pu être définis, les chercheurs ont pu se lancer dans de grandes études, y compris sur le long terme, et étudier l’influence de ces styles parentaux sur le comportement, la réussite scolaire, les addictions etc. des enfants.
1 Le style parental désengagé
Je commence par le style désengagé, qui est apparemment le plus nocif de manière générale : les enfants, dont l’attachement a été profondément perturbé, ont souvent de mauvaises relations sociales, prennent de la distance avec les gens, sont plus souvent en absentéisme scolaire, plongent plus souvent dans la délinquance, cherchent à être aimés par tous les moyens, même les pires…
Quel que soit le critère (réussite scolaire, développement psychosocial, problèmes de comportement), c’est le style parental qui entraîne les résultats les plus mauvais. Souvent (là ce n’est que mon interprétation, tout le reste en revanche est rigoureusement prouvé), on peut supposer qu’il y a eu un problème d’attachement dès le départ entre le parent et le bébé, ou des problèmes psychologiques qui enferment le parent dans un univers un peu égoïste.
A partir de là, tout dégénère et le manque d’intérêt du parent pour l’enfant rejaillit sur toute la vie de ce dernier.
2 Le style parental autoritaire
Les conséquences du style autoritaire sont évidemment très différentes suivant que les parents recourent aux châtiments corporels et à une véritable maltraitance psychologique ou non. Il y a toutes sortes de degrés. De manière générale, le parent autoritaire recourt de façon préférentielle aux cris, aux ordres et aux exigences sans explication.
On trouve dans cette catégorie aussi bien des parents franchement maltraitants que des parents bien intentionnés mais un peu dépassés, qui ne trouvent pas d’autres solutions que d’imposer leur autorité à l’enfant, ou qui pensent mieux le préparer au monde d’aujourd’hui en l’endurcissant.
Les enfants élevés dans ce style sont souvent très obéissants, calmes (souvent le résultat que leurs parents souhaitent obtenir), mais ils ne sont pas très heureux voire parfois franchement dépressifs.

S’ils semblent bien réussir à l’école au départ, très vite ils se retrouvent dépassés, car leur motivation est extérieure (ne pas déplaire à leurs parents) et non intérieure (travailler parce qu’on s’intéresse à ce que l’on fait).
Comme on l’imagine, il y a bien d’autres conséquences : colère, ressentiment, rébellion, alcool et drogues, comportements suicidaires, je vous passe la liste des horribles effets de ce style parental… Et pourtant, le style désengagé engendre des résultats encore moins bons, même si les parents agissent de façon radicalement différente !
Mais ce n’est guère une surprise de s’apercevoir que ce style parental n’est pas une grande réussite pour autant.
3 Le style permissif (qui correspond à une partie de l’éducation bienveillante)
Pour ne pas créer de débat lié à la définition de ce style, je reprends celle de John Santrock, chercheur en sciences comportementales, qui a été à l’origine de diverses études à long terme sur le sujet : « Une parentalité indulgente est un style de la parentalité dans lequel les parents sont très impliqués avec leurs enfants, mais n’ont que peu d’exigences ou de contrôle sur eux ».
Beaucoup de parents « bienveillants » que je connais se reconnaissent ouvertement dans cette définition. Et c’est là que je voudrais adresser une mise en garde en partageant avec vous les résultats de ces études à long terme, concernant un style parental qui paraît séduisant au premier abord.
En fait, les enfants élevés dans ce style parental ont trois fois plus de risques d’abus de substances (drogues) que ceux élevés dans le style directif. Ils ont aussi plus de risques d’obésité, et pour reprendre la conclusion d’une étude « n’apprennent jamais à contrôler leur propre comportement et s’attendent toujours à recevoir ce qu’ils désirent ». L’adolescence leur réserve de plus gros risques de troubles du comportement.
Alors certes, par rapport aux enfants de parents autoritaires, ils ont davantage confiance en eux, ont moins de risques de dépression et de bonnes compétences sociales, mais c’est aussi le cas des enfants de parents directifs.
Or le style parental directif présente encore bien d’autres avantages.
4 Le style parental directif ou démocratique (= discipline positive)
En fait, responsabiliser l’enfant tout en étant attentif à ses émotions et à son affectivité n’a apparemment que des avantages : meilleurs résultats scolaires, excellent comportement social, confiance en soi, indépendance, autonomie, altruisme, meilleur contrôle de soi, ce sont des enfants heureux et curieux.
C’est à la fois une réussite sur le plan social (école, succès) et sur le plan des valeurs (générosité, attention aux autres).

Car souvent, les parents n’ont pas les mêmes valeurs ou ne souhaitent pas tous la même chose pour leurs enfants. Certains accordent la priorité à la réussite scolaire, au bon métier, et considèrent que c’est ce qui donnera les meilleures chances de bonheur à leur enfant.
D’autres au contraire privilégient les valeurs humaines, ou une forme de spiritualité et pensent que c’est là l’essentiel à transmettre à son enfant.
Il se trouve que les recherches se recoupent et sont nombreuses à montrer ces mêmes résultats, du moins parmi les populations occidentales (parmi des populations asiatiques dans lesquelles la culture de base est différente, le style autoritaire présente moins d’inconvénients que dans les populations occidentales par exemple).
Or il s’agit exactement de l’approche de la discipline positive.
Quelle définition à la discipline positive ?
Je l’ai déjà évoqué rapidement à la fin de mon dernier billet, mais la discipline positive, contrairement à l’éducation bienveillante, a été très clairement définie (et même redéfinie avec plus de précision encore) par celle qui l’a popularisée, Jane Nelsen.
J’écris « celle qui l’a popularisée », car elle s’appuyait en fait sur des recherches bien antérieures, mais je ne crois pas que ces recherches aient donné lieu à un système, à une boîte à outils aussi spécifique que dans son livre.
On peut l’aborder de bien des façons, et chacun en retirera différents principes comme étant les plus importants, mais Jane Nelsen elle-même a défini cinq critères pour définir ce qu’est la discipline positive. Selon elle, une discipline efficace doit :
- Aider les enfants à avoir le sentiment d’être connectés et développer le sentiment d’appartenance et d’importance.
- Se baser sur le respect mutuel et l’encouragement avec à la fois bienveillance et fermeté.
- Etre efficace à long terme.
- Enseigner des compétences sociales et des compétences de vie importantes : le respect, l’attention aux autres, la résolution de problèmes et la coopération ainsi que la capacité à participer à la vie de la famille, de l’école ou de la communauté au sens large.
- Inviter les enfants à découvrir leurs capacités et développer ainsi leur autonomie et leur estime de soi.

Tout autour de ces 5 grands principes, il y a une multitude d’outils qui nous permettent de les mettre en pratique plus facilement.
Parmi ces outils, on peut citer la voix calme, les routines « Quand… alors », la recherche de solutions, le temps d’échange en famille, les conséquences naturelles et logiques, le temps dédié…
Est-ce que ce sont ces outils qui constituent la discipline positive ? Bien sûr que non. Si on trouve de meilleurs outils demain, ils seront bien évidemment remplacés. Et au fur et à mesure des décennies, Jane Nelsen et ses collaboratrices les ont d’ailleurs fait évoluer, en insistant davantage sur certains plutôt que d’autres qui se retrouvaient mal utilisés.
Vous voyez d’ailleurs à la lecture des 5 critères que l’on est sans cesse en recherche d’équilibre : appartenance ET importance, bienveillance ET fermeté, développer des compétences sociales ET l’estime de soi.
C’est ainsi qu’au tout début de la discipline positive, juste après l’écriture de son livre, Jane Nelsen s’est aperçue que les parents se ruaient tous sur un outil qui leur semblait magique : les conséquences.
Les conséquences reposent sur le principe que la plupart du temps, la vie nous enseigne que nos actes ont des conséquences et nous adaptons notre comportement en conséquence. Par exemple, si vous oubliez votre manteau alors qu’il fait froid dehors, vous aurez froid et accorderez davantage d’attention au temps qu’il fait la prochaine fois que vous sortirez. Ou encore si vous ne buvez pas assez, votre corps va manifester son mal-être de différentes façons (lèvres sèches, fatigue, constipation, mal de tête…). C’est ce que l’on appelle une conséquence naturelle.
L’un des outils de la discipline positive consiste donc à laisser se déployer les conséquences naturelles des actes de nos enfants plutôt que d’intervenir trop tôt et qu’ils ne puissent pas les expérimenter. L’exemple du manteau est typique : si un enfant ne veut pas mettre son manteau ou qu’il l’oublie sans arrêt, plutôt que de le lui rappeler sans cesse ou de rentrer dans un rapport de force, il suffit de le laisser sortir sans manteau pour qu’il se rende compte du problème.

Bien entendu, cela nécessite de prendre en compte la maturité de l’enfant (un enfant de 2 ans n’a pas la même conscience du temps qu’il fait et du rapport entre la température extérieure et ses sensations de chaud ou de froid qu’un enfant de 9 ans !).
Et lorsqu’il n’y a pas de conséquences naturelles ou qu’il ne serait pas raisonnable de les attendre (par exemple veut-on vraiment attendre que notre enfant ait des caries pour qu’il comprenne qu’il faut se brosser les dents ?), on peut mettre en place des conséquences logiques.
Celles-ci doivent répondre à certains critères pour ne pas être en réalité des punitions cachées (pour mieux les retenir, on les appelle les 4R). Elles doivent être :
- reliées au comportement : il faut qu’il y ait un lien logique. Annuler les prochaines sorties d’un adolescent qui n’aurait pas respecté son heure de couvre-feu est cohérent, annuler ses sorties parce qu’il a dépassé son temps d’écrans n’a pas de sens.
- respectueuses de l’enfant : il est évident que frapper, humilier, mortifier un enfant ne répond à aucun des critères de la discipline positive.
- raisonnables : là encore, il faut prendre en compte la maturité de l’enfant et choisir une conséquence proportionnelle à « l’infraction », avec une durée adaptée.
- récitées à l’avance : l’enfant doit être prévenu de la nouvelle règle à l’avance et il doit être capable de nous la redire (c’est l’assurance pour nous que la règle a été bien comprise et intégrée).

Or, comme je vous le disais, les parents en quête d’un meilleur moyen d’élever leurs enfants se sont rués sur les conséquences logiques, qu’ils se sont mis à employer à tout bout de champ et n’importe comment. Au final, tout ce petit monde se mettait en fait à recourir aux bonnes vieilles punitions à l’ancienne, sans se soucier des critères élaborés par Jane Nelsen.
Car cet outil des conséquences logiques, bien employé, est redoutablement efficace. Mais, car il y a toujours un mais, il est rarement le meilleur outil à employer, et cela, on ne s’en rend compte que sur le long terme.
Dans les éditions suivantes de son livre, Jane Nelsen a donc insisté sur ce fait et a tenté de décourager les parents de trop utiliser les conséquences logiques.
Mais aujourd’hui (je l’ai encore entendue en interview il y a quelques mois), elle déplore que les parents utilisent trop les outils liés à l’empathie et pas assez ceux liés à la responsabilisation (c’est d’ailleurs le fond de mon dernier billet également). Les enfants se retrouvent très aimés et choyés, mais ils continuent à manquer de confiance en eux car on ne compte pas sur eux pour apporter leur contribution à la famille (ou plus largement à la communauté).
La dernière édition de « La discipline positive » mentionne donc l’attention toute particulière à porter aux responsabilités à confier aux enfants et insiste sur les outils correspondants, comme « prendre du temps pour les apprentissages » (c’est-à-dire prendre le temps en amont pour que l’enfant maîtrise une compétence, de façon à ce qu’il puisse l’exercer ensuite au quotidien ; par exemple apprendre à un jeune enfant à mettre ses chaussures tout seul et à faire ses lacets).
Vous voyez donc maintenant à quel point cette discipline positive, dans sa recherche d’équilibre, correspond parfaitement au style parental directif ou démocratique que je vous ai détaillé plus haut, et dont la recherche vante les bienfaits.
Certes, il s’agit de danser sur une crête, car il est très facile de basculer un peu trop d’un côté ou de l’autre, mais même dans ce cas, rien de dramatique : tant que l’on est attentif à son mode de parentalité, tant que l’on prend du recul, on peut toujours rétablir le cap avant qu’il ne soit trop tard.

Ce n’est donc absolument pas une solution miracle, « les 10 astuces pour ne plus jamais crier sur son enfant » (pitié !) mais une école de vie. Oui, cela implique aussi de travailler sur soi-même, sur ses propres émotions et ses propres besoins. Mais ce que je trouve profondément apaisant, c’est que tout la responsabilité ne repose pas exclusivement sur les parents.
La discipline positive reconnaît que l’enfant possède sa propre liberté et qu’il peut l’exercer en cohérence ou en opposition à ses parents. Tout est fait pour favoriser une coopération à tous les niveaux, mais l’enfant reste libre et responsable (de plus en plus libre et responsable au fur et à mesure qu’il grandit, évidemment).
C’est là un chemin de vie qui n’est pas facile, mais qui apporte malgré tout un grand soulagement quand on est parent. C’est d’ailleurs le chemin que je propose aux familles qui rejoignent l’Accompagnement à la Parentalité et à l’IEF Montessori, car pour moi, discipline positive et pédagogie Montessori sont les deux facettes d’un même style parental, l’un davantage appliqué à l’éducation et l’autre davantage à l’instruction.
J’espère que ce nouveau billet aura éclairci mon propos de la dernière fois, et si jamais vous êtes tentée par cette voie de l’équilibre, entre affection et responsabilisation, entre bienveillance et fermeté, entre empathie et confiance, je serais ravie de vous accueillir dans l’Accompagnement pour poser de nouvelles bases à votre parentalité et vous soutenir jour après jour.

Votre article est très éclairant sur ce sujet et répond aux questions que je me pose avec mes 3 enfants de 5,4 et 2 ans.
Les aider à développer des.competences qu ils pourront mettre au service de la famille!
Voilà à quoi je vais être attentive.
Je suis orthophoniste et j qpres en salariat en neuro auprès d adultes j’ai repris une activité miberale auprès d d’enfants et je m’intéresse a la pedagogie montessori.
Ce que je découvre m m’émerveille!
Je me mets en route, de manière intuitive, et expérimentale. Je vais voir quelle route s ouvre devant moi.
Encore un gd merci pour tous vos billets pendant ce 1er mois de confinement.
Bravo aussi pr vos enfants, leur calme est édifiant,.ainsi que le respect qu ils ont pr les uns les autres et pr ce que vs faites, et qu’ils sont acteurs de l expérience par.leur réflexion.
Cela est engageant, cela apporte du crédit à ce que vous dites et que vs pratiquez qui est cohérent.
Merci pour votre commentaire ☺️
Merci pour ce billet, c’est super intéressant de préciser toutes ces définitions… et très éclairant en tant que parent ! Mais je trouve que le tableau en « 4 cases » est incomplet. En fait je n’y reconnais pas l’éducation que j’ai moi-même reçue : il y avait beaucoup d’empathie et d’explication des règles, des attentes fortes (respect de l’autre, sens du service/ de la participation à la collectivité), mais peu de responsabilisation car les attentes prenaient la forme de l’obéissance et non de l’autonomisation progressive. J’aurais donc tendance à voir un tableau en trois colonnes : 1. empathie, 2. attentes / limites, et 3. responsabilisation ou contrôle. Cela permettrait de prendre en compte les éducations empathiques et autoritaires à la fois en fait (mélange impossible dans le tableau que tu présentes), et donc de recouvrir plus de réalités familiales…
C’est intéressant comme réflexion… Peut-être qu’il faudrait un peu approfondir la question, car si d’un côté il y a beaucoup d’empathie et d’écoute des émotions, comment les attentes peuvent-elles prendre la forme de l’obéissance ? Il y a sûrement un côté qui l’emporte. En fait, s’il y a une forte empathie et de fortes attentes, la responsabilisation est normalement une conséquence naturelle, car par empathie, les parents impliquent de plus en plus leurs enfants dans l’établissement des règles et leur mise en application. Expliquer les règles en revanche ne relève pas spécialement de l’empathie.
Ne serait-ce pas au fond un style démocratique ? Sauf si en fait l’empathie était un peu faussée : parfois on se dit que nos parents nous aimaient beaucoup et que donc ils étaient empathiques, mais l’un n’implique pas forcément l’autre et ce n’est pas nier l’amour de nos parents que de prendre conscience qu’ils n’étaient pas forcément à l’écoute de nos émotions. Enfin, tout le monde peut évoluer, et il est possible que suivant les moments de notre enfance, nous ayons connu des styles parentaux différents.
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
Merci pour votre article tres interessant. J’ai lu des livres de Jane Nelsen et d’Isabelle Filliozat mais surtout de Jane Nelsen sur la discipline positive. J’avais vu une revue de Isabelle F ou elle decrivait Jane Nelsen comme son equivalent Americain. Or vous semblez faire la distinction entre Isabelle F qui se base sur l’education bienveillante et Jane N sur la discipline positive. Isabelle F utilise beaucoup le terme parentalite positive et discipline positive pour expliquer son projet d’education mais pensez vous donc que cela reflete plus l’education bienveillante que la discipline positive?
Bonjour Natahlie, merci pour votre commentaire. J’ai bien vu que cet article méritait d’être précisé et complété, c’est ce que j’ai fait dans l’article suivant : https://montessouricettes.fr/discipline-positive-education-bienveillante/ . N’hésitez pas à le lire et à poursuivre le débat dessus.
Oups ! C’est précisément sur cet article que cette personne commente…
Pour lui répondre, effectivement Filliozat parle plus de bienveillance que de discipline, mais je pense que c’est parce qu’elle s’adresse à un public francais, qui a bcp de retard sur le sujet par rapport aux EU : la simple suggestion de se passer de punitions et d’encourager les enfants est ici encore très mal accueillie…
Merci beaucoup pour cet article si complet! J’étais très curieuse de le lire après avoir decouvert vos ( supers) podcast.
Mais je ne toujours pas trop où je me situe ! Qque part à ma frontière entre les deux, mais c est sans doute également la limite de la conceptualisation, le réel est toujous plusflou et fluctuant . Mais cela me donne à refl sur le trop faible niveau de responsabilité que je donne à mes enfants, et merci car je ne l avais jamais finalement vraiment interrogé.
Merci, merci et encore merci x1000 pour cet article !
En découvrant le tableau des styles de parentalité, je me suis immédiatement identifiée au style démocratique / directif. Et en m’apercevant qu’il correspondait à la discipline positive, j’ai ressenti une satisfaction intense ! Moi qui me remets sans arrêt en question sur l’éducation de ma fille, qui ai peu confiance en moi, et qui pleure parfois car je me considère comme une mauvaise mère, vous ne pouvez pas savoir le bien que ça me fait de lire que finalement je vais dans la bonne direction !!
Alors bien sûr je ne coche pas toutes les cases à chaque fois ; j’expérimente avec mes forces, mes faiblesses, mon histoire, mon éducation, et j’échoue, souvent… Mais rien que le fait de savoir que ce que je tente d’atteindre est validé par les chercheurs et que du coup je mets ma fille sur les bons rails me met de la joie au cœur et rebooste mon estime de moi en tant que parent ! Et ça fait un bien FOU !! Gratitude.
Bonjour Aurore et merci à vous !