Montessori à la maison : est-ce possible ?

MONTESSORI À LA MAISON : EST-CE POSSIBLE ?

Depuis l’expérience de Céline Alvarez à Gennevilliers, on parle beaucoup de l’application de la pédagogie Montessori à l’école. De plus en plus de professeurs s’en inspirent dans l’Education nationale, des éducateurs Montessori et des groupes de parents créent des écoles indépendantes un peu partout en France, bref la France rattrape petit à petit son retard par rapport à des pays comme l’Irlande, l’Angleterre ou les Etats-Unis, où les écoles Montessori font depuis longtemps partie du paysage éducatif.

En revanche, on parle beaucoup moins de l’application de cette pédagogie à la maison. Bien sûr, plusieurs livres existent sur le sujet, on trouve des coffrets Montessori chez la plupart des grands éditeurs, mais beaucoup de parents qui sont attirés par la pensée de Maria Montessori hésitent à se lancer. Les craintes sont généralement toujours les mêmes.

Avant de continuer si vous préférez écouter le podcast de cet article ; par exemple en faisant vos tâches ménagères ou pendant un trajet en voiture, je vous invite à cliquer sur le lecteur ci-dessous :

 

Le matériel Montessori coûte trop cher, je n’ai pas assez d’argent !

Certes le matériel Montessori doit être beau, car il doit inspirer du respect à l’enfant et développer son sens esthétique, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il doive être cher. On peut jouer sur trois critères pour réduire l’investissement financier :

1/ On peut fabriquer son matériel Montessori soi-même

Pour les bébés, il y a très peu de matériel, et on peut en fabriquer ou en réunir une bonne partie très facilement et à bas coût (les mobiles, les coussins sensoriels, de petits paniers thématiques avec des objets du quotidien etc.).

Pour tout ce qui concerne la vie pratique, il suffit généralement de réunir des objets du quotidien, et de fabriquer les rares objets qui sortent un peu de l’ordinaire, comme les cadres d’habillement.

Au niveau de la vie sensorielle, c’est un peu plus difficile, il s’agit probablement du domaine le plus coûteux en Montessori, mais même là, si l’on est prêt à faire un peu de bricolage, on peut tout à fait en fabriquer une bonne partie.

Concernant le langage (lecture, écriture, grammaire etc.), je crois que je n’ai rien acheté d’autre que les volumes de grammaire, qui ne sont d’ailleurs pas indispensables. Tout le reste est le produit de mon imprimante et de ma plastifieuse (il m’a juste fallu faire un peu de bricolage pour mes boîtes de grammaire, qui demeurent plus simples que celles que l’on voit généralement dans les salles de classe).

Pour le calcul, le plus gros du matériel est constitué de perles que l’on peut assembler soi-même, ce qui réduit considérablement les coûts. Là encore, je n’ai absolument rien acheté, à part les perles elles-mêmes, tout se fabrique (mais je l’avoue, j’ai acheté les cubes de mille et les plaques de cent en bois).

En histoire et sciences de la vie, à part les puzzles présentés en vie sensorielle, il s’agit essentiellement de nomenclatures et de choses à vivre à l’extérieur. Encore une fois, c’est très simple à faire soi-même et rien ne vaut l’observation dans la nature !

Notre espace de travail pour les sciences naturelles

Il reste la géographie, où les puzzles sont assez coûteux, mais je connais des mamans qui les ont réalisés elles-mêmes à la scie à chantourner. Je vous avoue que ce n’est pas simple, mais c’est faisable.

Et enfin la musique, où bien évidemment il faut investir dans quelques petits instruments. Les fameuses clochettes Montessori sont bien souvent inabordables pour un foyer, mais on peut les remplacer par d’autres clochettes (même si le son des clochettes Montessori est incroyablement beau et permet d’entendre toutes les harmoniques des notes) ou adopter, juste pour cette matière, une autre méthode d’apprentissage.

2/ On peut choisir du matériel de qualité un peu inférieure

Un matériel destiné à un seul enfant ou à une fratrie n’a pas besoin d’être aussi solide qu’un matériel qui passe dans une dizaine de mains différentes chaque jour.

La qualité de la peinture, du bois, du collage etc. peut donc être légèrement inférieure sans que cela soit gênant. Le matériel agréé par l’Association Montessori Internationale coûte extrêmement cher car il doit rester impeccable pendant des années malgré une utilisation intensive, mais il existe de nombreuses boutiques sérieuses qui proposent du bon matériel, parfaitement suffisant pour une utilisation familiale.

Et si vraiment on choisit du matériel d’excellente qualité, on pourra le revendre lorsque les enfants auront passé l’âge de l’utiliser, il sera encore comme neuf !

3/ On peut réduire le nombre de matériels

Il faut adapter le matériel à l’enfant et non l’inverse. Cela signifie que suivant les enfants, on prévoira une activité couture ou bouquet de fleurs, vissage de boulons ou lessive. Tout n’est pas indispensable pour chaque enfant.

Une classe doit bien évidemment avoir une grande diversité de matériels pour satisfaire les besoins de tous les enfants, mais à la maison, on peut sélectionner les quelques activités intéressantes à proposer après avoir bien observé son enfant.

C’est d’ailleurs une erreur que j’ai commise la première fois que j’ai ouvert ma formation en ligne à la vie pratique Montessori: je n’avais pas explicité tout cela, ce qui a été la source d’un grand malentendu.

Il est en effet pour moi indispensable de voir la cohérence de l’ensemble de la vie pratique pour pouvoir choisir les activités que l’on va présenter à son enfant. On ne doit supprimer une activité qu’en toute connaissance de cause, en sachant ce à quoi elle fait suite et ce à quoi elle prépare, bref en la replaçant dans la progression globale. Je présente donc dans la formation l’ensemble des activités de vie pratique, du premier verser jusqu’au jardinage.

Mais certaines de mes stagiaires ont cru qu’il fallait pour bien faire présenter toutes ces activités à leur enfant ! Elles étaient donc découragées avant même d’avoir essayé ! J’ai bien évidemment corrigé depuis en leur proposant, en plus de l’ensemble des activités possibles, un modèle d’étagère avec le « minimum viable » en vie pratique, à adapter suivant les besoins et les centres d’intérêt de leurs enfants.

Moi-même, alors que je prévoyais de monter une école Montessori à Toulon, je n’ai présenté qu’une partie de la vie pratique à mon aîné, puis j’ai complété mes étagères pour ma deuxième, et enfin pour mon troisième, afin de m’adapter à ce qui les attirait car ils ne s’intéressaient pas nécessairement aux mêmes choses que leur grand frère. Mais tout cela s’est fait sur 4 ans, petit à petit, et avec des moyens très simples.

Au final, j’ai fait le calcul, et pour l’ensemble de la vie pratique, j’en ai eu pour une centaine d’euros, plus 45 euros de mobilier (étagère, chaise et table pour un enfant, il faut rajouter 20 euros par enfant pour une chaise et une table supplémentaires). Quand on voit le prix des jouets et la quantité de cadeaux que reçoivent les enfants aujourd’hui, cela reste bien raisonnable, et dans un but bien plus épanouissant !

Je commence à me former gratuitement

Cette idée de réduire le nombre de matériels répond d’avance à l’objection suivante :

Je n’ai pas la place, tout ce matériel est très volumineux !

Cela n’a rien de déraisonnable de prévoir chez soi un coin avec une petite table et une petite chaise pour son enfant, que l’on souhaite appliquer la pédagogie Montessori ou non. Il peut y jouer, y dessiner, bref nul besoin de réserver cette table aux activités Montessori. On peut même envisager une planche qui se replie contre le mur si vraiment on manque d’espace.

Pour le reste, le matériel de vie pratique tient largement sur une petite étagère, voici ce que nous utilisons en ce moment pour 3 enfants aux âges et aux centres d’intérêt différents :

Nous avons par ailleurs un tapis au sol pour notre bébé, une étagère de vie sensorielle, une de langage, une de mathématiques, une pour les autres matières (sciences naturelles, géographie, musique, histoire…) et un petit cabinet pour les nomenclatures. Mais nous faisons l’instruction en famille avec 5 enfants, nous sommes donc bien au-delà de ce dont on a besoin pour un seul enfant par exemple, ou lorsque l’on souhaite seulement compléter l’école.

Pour un seul enfant, on peut adopter une étagère de vie pratique, puis remplacer petit à petit ce matériel par celui de vie sensorielle, qui sera lui-même remplacé progressivement par celui de langage et de calcul. On peut donc parfaitement s’en sortir avec une étagère et quelques mètres carrés d’espace de travail.

Beaucoup de choses s’apprennent aussi tout simplement dans la vie quotidienne, lors d’une sortie dans la nature ou pendant la préparation d’une recette de cuisine, ce qui ne prend pas plus d’espace.

Mais je n’ai pas le temps !

Bien entendu, chacun a un emploi du temps plus ou moins chargé, mais vous pouvez vous contenter de proposer un temps d’activités Montessori une seule fois dans la semaine, par exemple le samedi matin si vous travaillez.

Les bébés et les tout-petits n’ont pour leur part qu’un temps de concentration très limité et quelques petites séances de 15-20 minutes réparties dans la semaine seront sans doute plus adaptées, mais pour les enfants un peu plus grands, il est tout de même bon d’essayer de parvenir à un temps de travail de 2h30 à 3h.

Pourquoi ? Parce que c’est la durée nécessaire pour que l’enfant fasse le travail qui l’attire au premier abord, commence à s’ennuyer un peu, puis se réintéresse à quelque chose d’autre. C’est ce cycle qui va lui permettre, petit à petit, d’aller vers des choses nouvelles et de ne pas se contenter de la facilité. C’est là que les vrais besoins de développement de l’enfant se manifestent.

Si vous avez besoin d’aide pour mieux vous organiser et dégager du temps, je vous renvoie à ces quelques astuces pour gérer les tâches quotidiennes de la maison et ne pas se laisser déborder.

J’ai plusieurs enfants d’âge différent, je ne peux pas gérer plusieurs niveaux en même temps

C’est justement toute la beauté de la pédagogie Montessori : à part au moment de la présentation, l’enfant travaille en autonomie.

Il est donc tout à fait possible de passer d’un enfant à l’autre pour faire des présentations, et de passer le reste du temps à observer (l’observation est fondamentale pour savoir où en sont les enfants et quoi leur proposer). Une fratrie est différente d’une classe au sens où dans une classe Montessori (on parlera plutôt d’ambiance) ne sont réunis que des enfants d’une certaine tranche d’âge (3 à 6 ans, 6 à 9 ou 6 à 12, par exemple), tandis qu’à la maison, on peut se retrouver avec un adolescent et un bébé dans la même pièce !

Mais d’expérience, cela fonctionne également très bien, les plus grands montrant l’exemple de l’autonomie aux plus petits et les plus petits absorbant ce qu’ils observent du travail des grands. Rien n’empêche non plus de laisser les plus jeunes arrêter leur séance de travail plus tôt ou de la commencer un peu plus tard.

Etant donné que nous avons 5 enfants d’âges différents, c’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup réfléchi et expérimenté, ce qui me permet de proposer aujourd’hui tout un éventail de solutions à mes stagiaires suivant l’âge de leurs enfants, qu’il s’agisse de profiter de la sieste du petit dernier pour faire des présentations aux plus grands ou d’effectuer une « rentrée différée » suivant les âges, afin que les aînés se normalisent (ce terme montessorien que je n’aime pas beaucoup signifie simplement que les enfants adoptent un comportement calme et concentré, en arrêtant de papillonner d’une activité à l’autre) et montrent ensuite l’exemple aux plus petits.

Au contraire, je n’ai qu’un seul enfant, il n’aura pas la stimulation des autres !

C’est vrai, contrairement à une fratrie qui est une véritable communauté, un enfant unique ne bénéficiera pas de l’émulation de voir les autres travailler.Mais rien ne vous empêche, vous, de prendre un travail et de vous installer non loin de lui !

En stage de géographie, par exemple, je me suis vraiment plongée dans les puzzles afin de réellement vivre ce que vit l’enfant. Evidemment, je n’ai pas choisi les cartes de France ou d’Europe, que je maîtrise tout de même assez bien, mais j’ai pris le puzzle des Etats-Unis. Cela m’intéressait de savoir où se trouvaient tous les états dont j’entendais régulièrement parler, par exemple dans des films ou des livres, et c’était un sujet que je connaissais très mal.

J’ai donc travaillé sur le puzzle et j’ai commencé par apprendre le nom et la localisation de tous les états, puis de leurs capitales. J’ai ensuite approfondi le sujet comme aurait pu le faire un (assez grand) enfant, en autonomie, en reclassant les noms des états par ordre alphabétique et en les réapprenant dans cet ordre. Je me suis inventée plein d’exercices, comme de reformer le puzzle en plaçant les états de A à Z ou de reconnaître chaque état de façon isolée, sans le replacer sur le puzzle global. Je peux vous assurer qu’à la fin du stage de géographie, je connaissais ces états sur le bout des doigts (je ne m’y suis pas replongée depuis plusieurs années mais je suis sûre que je dois avoir encore de bons restes) !

Si vous choisissez d’approfondir vos connaissances ainsi, non seulement vous aiderez votre enfant à se placer dans une ambiance de travail, par votre propre silence et votre concentration, mais vous lui montrerez en plus qu’on n’a jamais fini d’apprendreet qu’il ne s’agit pas d’atteindre un niveau défini à l’avance, comme le baccalauréat, mais de garder une curiosité sans cesse renouvelée pour le monde qui nous entoure.

C’est bien beau, mais je ne saurais pas m’y prendre, je ne suis pas prof, et je ne maîtrise pas toutes ces matières !

Certes, on ne s’improvise pas éducateur Montessori, c’est bien pour cela qu’il existe des formations. Trop souvent, je vois malheureusement des parents acheter du matériel et le mettre simplement à disposition de l’enfant, sans le lui présenter et sans le faire vivre dans une ambiance Montessori. Bien souvent, l’enfant ne s’y intéresse pas car on ne lui en a pas montré toute la richesse, et les parents se disent alors déçus par cette pédagogie.

Or, avant d’être un ensemble de matériels, la pédagogie Montessori est une philosophie, une manière de considérer l’enfant et une attitude qui se prépare (avant d’envisager de présenter quelque chose à l’enfant, l’éducateur doit se préparer lui-même intérieurement, car l’enfant va absorber une grande partie de ses comportements).

Il est donc indispensable de se former, d’une façon ou d’une autre, et suivant ses besoins, avant de chercher à appliquer cette pédagogie à la maison.

En revanche, ce qui est fantastique avec ce matériel, c’est que puisqu’il est auto-correctif, il n’est pas nécessaire de connaître soi-même tous les drapeaux du monde sur le bout des doigts pour les faire découvrir à son enfant, ou de maîtriser les subtilités de l’algèbre pour les lui faire vivre à travers le cube du binôme ou du trinôme.

Suivant leur forme d’intelligence et leurs goûts particuliers, deux enfants ne vont pas retirer la même chose du même matériel : l’un ira peut-être beaucoup plus en profondeur que l’autre, ou tirera des conclusions que l’autre n’avait pas envisagées. Cela permet justement à chacun d’exploiter au maximum ses possibilités, indépendamment des compétences académiques de l’éducateur.

J’ai personnellement rencontré des éducatrices qui n’avaient que leur brevet et dont les enfants (qui avaient beaucoup de potentiel et qu’elles instruisaient en famille) ont pu faire de brillantes études grâce à cette pédagogie, car c’est la pédagogie qui s’adapte au niveau de l’enfant et non l’inverse.

Le matériel est là pour représenter un concept dans son ensemble, dans toutes ses facettes et dimensions. Là où un adulte très peu porté sur les maths ne verra dans le cube de perles qu’un ensemble de mille perles, un enfant y verra peut-être un cube de côté 10 (tiens, le « cube » de 10, 10 au cube…) et se préparera ainsi à l’apprentissage des puissances.

Mais si je commence à vous parler des richesses du matériel Montessori, jamais je ne terminerai ce billet !

Je vais donc m’arrêter là, mais j’espère simplement vous avoir convaincu que la pédagogie Montessori a toute sa place à la maison, appliquée par des parents. Après tout, Maria Montessori avait nommé sa première école « Maison des enfants », alors pourquoi ne pas tout simplement transformer nos propres maisons en « maisons des enfants (et des parents) » ?

Si vous voulez vous lancer, je rouvre régulièrement les inscriptions à ma formation de vie pratique et à celle de vie sensorielleCes formations sont spécialement conçues pour les parents qui souhaitent appliquer la pédagogie Montessori à la maison, sans se ruiner mais avec une grande fidélité à la philosophie de Maria Montessori.

Les formations sont actuellement closes, une nouvelle session aura cependant lieu cet été, n’hésitez pas à vous inscrire ci-dessous afin d’être prévenu.

 

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