QUELLES TÂCHES MÉNAGÈRES À QUEL ÂGE POUR VOTRE ENFANT ?
Voulez-vous que je vous révèle le secret des familles nombreuses ? Les enfants participent tous aux tâches ménagères, chacun selon son âge et ses compétences.
Imaginez un peu si ce n’était pas le cas : cela voudrait dire qu’à chaque enfant, les tâches ménagères seraient multipliées d’autant. 4 enfants : 4 chambres à ranger, 4 lits à faire, le linge de 4 personnes à laver, 4 couverts supplémentaires à mettre et à débarrasser, des plats pour 4 personnes supplémentaires à préparer etc.
Fort heureusement, les enfants sont bien loin d’être les incapables que l’on imagine parfois. On a tendance à beaucoup sous-estimer :
- leur goût pour les tâches ménagères, surtout petit
- leurs compétences pour les tâches ménagères
Vous pouvez également écouter le podcast de cet article ; par exemple en faisant vos tâches ménagères ou pendant un trajet en voiture, je vous invite à cliquer sur le lecteur ci-dessous :
1. Pourquoi il est bon de faire participer les enfants aux tâches ménagères suivant leur âge
Il est bien connu que dès leur plus jeune âge, les enfants se passionnent pour les jeux qui imitent les tâches ménagères : dînette, set de ménage ou de bricolage, poupon dont il faut s’occuper etc.
La raison en est bien simple. Les enfants ne rêvent que d’une chose : tout faire comme Papa et Maman, faire « comme les grands ». Alors on leur fournit de la fausse vaisselle, de faux aspirateurs, de faux outils et ils sont bien obligés de s’en satisfaire.
Mais avez-vous déjà essayé d’impliquer un tout jeune enfant dans la préparation du repas ? Ou dans ce qui vous semble être une corvée ménagère ?
Vous devriez rapidement voir ses yeux s’illuminer. Les enfants ont soif de réalité. Ils veulent voir sous leurs yeux le résultat concret de leur travail. Il est dommage de les priver de ce sentiment d’accomplissement…
Un papa avait fait l’essai il y a quelque temps de proposer à son bébé au choix un jouet ou un objet du quotidien. A chaque fois, le bébé choisissait l’objet réel.
Je pense que cette vidéo est vraiment révélatrice : l’enfant, dès son plus jeune âge, est attiré par ce qu’il nous voit faire et cherche à nous imiter, y compris dans les tâches ménagères.
Par ailleurs, Maria Montessori avait déjà détecté chez les très jeunes enfants une période sensible de l’ordre, entre 0 et 6 ans. On peut même observer des bébés, dès qu’ils en sont physiquement capables, ranger leurs jouets ou leurs affaires dans un panier.
Les enfants entre 2 et 4 ans sont tout particulièrement sensibles à l’ordre, et c’est le moment idéal pour commencer à les impliquer dans les tâches ménagères, en tenant évidemment compte de leur âge.
Une fois cette bonne habitude prise, il faudra simplement continuer à l’encourager, mais le plus dur sera fait. Il n’y a qu’à l’adolescence qu’il faudra sans doute tout reprendre à zéro car avec l’esprit de rébellion naturel à cet âge, tout est remis en question !
Souvent, on se plaint de ce que de grands enfants ne rangent jamais leurs affaires et ne soient pas serviables, mais le problème intervient en fait plus tôt. Si on frustre leur envie (leur besoin !) de ranger et de nettoyer petit, pourquoi s’y mettraient-ils plus tard ?
On voit certains jeunes rester de plus en plus tard chez leurs parents, parfois pour des raisons financières, mais aussi parfois parce qu’ils ne se sentent pas encore capables de gérer leur vie tout seul. Combien reviennent le week-end pour demander à Maman de faire une lessive et de leur repasser leur linge ?
Je me rappellerai toujours ce jour en prépa où deux amis m’ont appelée parce qu’ils essayaient de passer l’aspirateur (nous étions en internat et ils avaient 19 ans) : ça ne marchait pas.
– « Est-ce que vous l’avez bien branché ? »
– « Euh, non, ça se branche ? » Je leur explique donc comment sortir le câble et le brancher.
Nouveau coup de fil 30 secondes plus tard : « Ça ne marche toujours pas ! »
– « Mais vous avez appuyé sur le bouton ? »
– « Quel bouton ? »
Sans commentaires…

La morale de cette histoire, c’est que mieux vaut tard que jamais : ils ont réussi à passer l’aspirateur, l’un de ces deux jeunes hommes est depuis devenu mon mari et il participe aujourd’hui très efficacement à toutes les tâches ménagères de la maison. Il ne faut jamais désespérer !
Mais si on peut s’y prendre un peu avant 19 ans, je suis convaincue qu‘on rend là un grand service aux enfants, en leur apprenant le sens des responsabilités.
Par ailleurs, il y a bien sûr de grands avantages pour les parents à ce que les enfants mettent la main à la pâte : moins de fatigue, un meilleur partage des tâches, voire de beaux moments familiaux pendant lesquels tout le monde participe au rangement et au ménage dans la bonne humeur (si, si, ça peut arriver, commencez par mettre un peu de musique et donnez des consignez claires à chaque enfant !).
On parle de plus en plus de burn-out maternel ou parental. La première étape pour l’éviter, c’est de renoncer au perfectionnisme, mais la deuxième, c’est de renoncer à l’idée qu’il faudrait tout faire à la place de nos enfants !
Les enfants sont bien plus compétents que nous ne l’imaginons souvent…
2. Pourquoi nous sous-estimons les compétences de nos enfants
Quel est votre premier réflexe quand vous voyez votre enfant avoir du mal à mettre ses chaussures ?
Le plus souvent, c’est de les lui mettre à sa place.
Pourtant, s’il ne manifeste pas de grande frustration et qu’il ne vous demande pas d’aide, le meilleur service à lui rendre serait de le laisser s’entraîner tranquillement !
C’est comme ça que les enfants grandissent et s’épanouissent : ils essaient de nouvelles choses, n’y arrivent pas tout de suite, mais persévèrent (une vertu fondamentale) et acquièrent de nouvelles compétences.
Commençons donc par ne pas trop aider nos enfants, par ne pas les infantiliser. Maria Montessori disait que « Toute aide inutile est une entrave au développement de l’enfant ».

Dans cet article qui portait entre autres sur le livre L’enfant, du Dr Montessori, je vous explique par exemple comme je réagis suivant les situations et quel type d’aide j’apporte à mes enfants.
Il faut donc les laisser s’entraîner et les faire participer à nos tâches quotidiennes avec nous. En plus ce sera une façon de passer plus de temps ensemble !
Car ce dont les enfants souffrent le plus aujourd’hui, dans notre société où le confort matériel reste bien supérieur à celui d’il y a 50 ans, c’est de notre manque de temps et d’attention. Il y a bien sûr des exceptions, et certains enfants manquent toujours de l’essentiel (nourriture, abri sûr etc.), mais pour la majorité d’entre eux, ce sont leurs besoins affectifs qui ne sont pas satisfaits.
Nous sommes tellement pressés, en permanence, que nous ne laissons pas le temps à nos enfants de faire ce qu’ils s’efforcent de faire tout seuls.
C’est justement le cœur de la Vie pratique Montessori : fournir aux enfants une opportunité de s’entraîner, sans pression et sans contrainte de temps.
Tous ces exercices vont les aider à développer leur motricité fine et globale.
Les enfants le font d’ailleurs instinctivement. Avez-vous déjà observé un enfant monter et descendre les escaliers sans cesse ? Ou transporter un bidon d’eau qui nous paraît trop lourd pour eux à travers toute la maison ?
Ils s’entraînent, ils se musclent, ils pratiquent toutes ces tâches pour mieux les maîtriser.
Et voici ce que ça donne au final :

Si nous avons l’impression que leurs doigts sont encore un peu gourds et que leurs gestes sont maladroits, ce n’est pas une raison pour les empêcher d’essayer, encore et encore.
Nous faisons exactement la même chose lorsque nous apprenons une nouvelle compétence : la première fois que je me suis mise au crochet, j’ai dû faire, défaire et refaire je ne sais combien de rangs jusqu’à ce que mes doigts s’assouplissent et adoptent le bon geste.
Il n’est pas question d’exiger plus de nos enfants que de nous-mêmes !
3. Mais alors quelles tâches ménagères pour quel âge ?
Comment déterminer les tâches que nous pouvons confier à nos enfants ?
Avant tout, en suivant leurs centres d’intérêt : si on est en train de faire quelque chose et que notre enfant nous suit partout, autant essayer de l’impliquer à sa mesure.
Puis observez votre enfant. Laissez-le expérimenter et essayez de trouver des moyens de l’aider à progresser.
Saviez-vous que les activités de Vie pratique n’ont pas de limites ? Si on respecte certains principes de base de l’approche Montessori, on peut inventer ses propres activités de Vie pratique.
C’est d’ailleurs un exercice que je fais systématiquement faire à mes stagiaires en fin de formation, pour qu’elles appliquent ce qu’elles ont appris et pour qu’il y ait un bel échange d’idées dans la communauté.
Mais comme on a souvent tendance à sous-estimer ce que peut faire un tout petit enfant de 2, 3 ou 4 ans et qu’on surestime parfois ce que peut faire un enfant de 6, 7 ou 8 ans, voici un petit tableau indicatif des tâches ménagères par âge pur vous aider.
Vous retrouverez ce tableau en accès gratuit dans la bibliothèque de ressources du Terrier des Montessouricettes.
Attention, évidemment, ce tableau n’est pas à prendre au pied de la lettre et il faut s’adapter à chaque enfant ! Mais avec nos 5 enfants (et 20 neveux et nièces !), j’ai une certaine expérience de ce que peuvent et ne peuvent pas faire les enfants.
Vous serez peut-être surprise par certaines tâches mais je vous assure : un enfant de 2 ans peut tout à fait participer au rangement de la vaisselle !
La preuve par l’image (sur cette photo, ma fille n’a 2 ans que depuis quelques jours) :

Evidemment, il se contentera de prendre les assiettes une par une dans le lave-vaisselle et ne pourra les ranger que si les étagères sont à sa portée, mais il suffit pour cela d’aménager correctement sa cuisine en suivant les principes Montessori.
Une autre solution pour savoir ce que vous pouvez laisser faire à votre enfant : écoutez-le !
C’est ma fille qui un jour a réclamé de ratisser les feuilles du jardin. J’étais d’autant plus ravie que j’étais enceinte à l’époque et que ratisser m’était vraiment pénible. C’est elle qui s’en est donc chargé pendant tout l’automne !

Attention cependant, ce n’est pas parce que j’indique une vingtaine de tâches ménagères dont sont capables des enfants d’âge inférieur à 6 ans qu’il faudrait leur confier cette vingtaine de responsabilités !
L’objectif n’est absolument pas d’exploiter nos enfants, bien au contraire, cela les dégoûterait à jamais des tâches du quotidien.
Il suffit d’en choisir quelques-unes, une seule au départ, puis un peu plus, en fonction de tous les critères mentionnés ci-dessus et de leur faire confiance.
D’ailleurs à la maison nous avons complètement banni le terme de « corvées » et nous parlons de « services » ou de « responsabilités ». « Tu es maintenant responsable de l’arrosage des plantes d’intérieur », « Dans notre famille, chacun rend service et participe à l’organisation de la maison, et ta façon de rendre service, c’est de vider le lave-vaisselle ».
Les mots ont plus d’importance qu’on ne le soupçonne !
Une dernière remarque : attention aux préjugés qui voudraient que l’on ne montre qu’aux filles, quel que soit leur âge, comment réaliser les tâches ménagères !
Les petits garçons sont tout aussi volontaires et motivés pour aider à la maison… Mais à force de demander toujours à leur sœur de rendre service, ils s’imprègnent de l’idée que ce ne sont pas des « tâches de garçons ».
Je déteste l’expression de certaines femmes qui disent que leur mari « les aident à la maison ». Mon mari ne m’aide pas quand il lance une lessive et je ne l’aide pas quand je fais faire le contrôle technique de la voiture : chacun fait son maximum pour l’ensemble de la famille.
Pendant certaines périodes (grossesse, révisions de concours etc.), l’un s’investit plus que l’autre mais ce ne sont que des périodes transitoires.
Mais tout cela, c’est dès l’enfance que cela s’apprend. Il faut que rendre service devienne aussi naturel que de se brosser les dents. C’est un état d’esprit.
Chez vous, quelles sont les tâches ménagères dont vos enfants sont responsables, et à quel âge ?
Partagez vos idées avec nous, cela nous donnera des idées !
Et si vous ne savez pas comment vous y prendre pour apprendre à vos enfants à effectuer ces différentes tâches, je vous recommande de jeter un oeil à ma formation en ligne de Vie pratique Montessori.
Vous y découvrirez comment apprendre à votre enfant à s’habiller tout seul, à se verser à boire, à passer la pelle et la balayette ou à essuyer une table. Bref, de quoi le rendre plus autonome au quotidien et au passage d’alléger votre propre travail 😉

Comme notre nouvelle vie d’instruction en famille débute, nous sommes en pleine organisation de nos routines quotidiennes !
Cette liste me simplifie grandement la tâche, j’hésitais sur le type de responsabilité à confier suivant les capacités de chacun.
Décidemment cela devient une habitude de me faciliter les choses Anne-Laure ! MERCIII 😉
Ahahaha ! C’est bien le but de faciliter les choses… On n’a déjà pas une vie facile pour élever et éduquer des enfants dans le monde d’aujourd’hui, donc autant partager ce qui fonctionne et les ressources que l’on a !
Merci pour cet article très intéressant ,à la maison c’était toujours difficile pour les enfants de faire leurs tâches c’était une « corvée »mais depuis le début du mois nous avons un tableau des responsabilités,chacun sait ce qu’il doit faire et surtout le mot « responsabilité » leur donnent un sentiment de fierté et se sentent utiles.
C’est fou comme les mots ont de l’importance… Effectivement, je déteste le mot corvée, que je n’emploie pas non plus pour ce que j’ai à faire personnellement. Alors que service et responsabilité ont une tout autre connotation !
Nous avions un tableau de service aimanté sur lequel les enfants pouvaient choisir leur service de la semaine. Le problème est que les aimants tombent et que les plus petits s’amusent à jouer avec et les mélanger. Je vais essayer de faire un autre système, mais le tableau va probablement m’inspirer pour savoir quoi y mettre. Actuellement, c’est presque systématiquement l’aînée qui met le couvert car les autres n’ont pas envie de aire. Elle passe aussi volontier la serpillière où l’aspirateur. Pour la cuisine, tous s’y mettent avec parfois des conflits de l’un qui veut faire et l’autre aussi…. D’où l’idée du tableau de services. Mes deux aînées aiment beaucoup également habiller leurs petites sœurs
C’est vrai que c’est beaucoup plus facile quand on confie aux enfants les tâches qu’ils aiment accomplir ! J’aime bien l’idée de les laisser choisir leur service de la semaine, ça ne leur pose pas de problème entre certains services qui prennent plus de temps et d’autres qui sont plus légers ?