Oubliez vos nomenclatures Montessori ! 3 activités pour découvrir la nature avec vos enfants

Oubliez vos nomenclatures Montessori ! 3 activités pour découvrir la nature avec vos enfants

Je ne sais pas si le soleil frappe également à votre fenêtre, mais tandis que je vous écris, le beau temps et les fleurs en bourgeon nous appellent dehors avec insistance.

Et même si nous avons une véritable petite salle de classe Montessori à la maison, aujourd’hui nous allons joyeusement abandonner nos tables, nos cahiers, et nos nomenclatures soigneusement rangées, car la meilleure façon d’apprendre, c’est à partir du monde vivant et réel !

En Montessori, toute leçon de botanique commence par une promenade en forêt ou dans un parc, toute leçon de zoologie commence par l’observation d’un animal dans son milieu naturel…

Malheureusement, nous avons souvent une image un peu faussée des sciences naturelles façon Montessori, car ce que l’on trouve généralement un peu partout, ce sont des fichiers de nomenclature, des images, des photos, partagés par des blogueurs ou des enseignants.

Ces nomenclatures sont souvent très bien faites et il est très généreux de leur part de les partager, mais on peut avoir l’impression que tout le travail de sciences naturelles se résume à cela en Montessori.

C’est bien évidemment faux, mais vous comprendrez qu’il est beaucoup plus difficile de parler des expériences de la vie réelle. Comment partager un moment d’émerveillement ou de surprise devant les richesses de la nature ?

C’est pourtant là que tout commence…

Alors je vous invite à profiter du beau temps et (peut-être) des vacances pour sortir avec vos enfants, pour passer le plus de temps possible dehors. Mais pas dans un parc pour enfants, avec ses balançoires et son tourniquet, non, dehors dans la nature, pieds nus dans l’herbe ou en bottes dans la gadoue !

Avant de continuer, si vous préférez écouter le podcast de cet article ; par exemple en faisant vos tâches ménagères ou pendant un trajet en voiture, je vous invite à cliquer sur le lecteur ci-dessous :

Je vous propose trois petites idées pour vous rapprocher de la nature avec vos enfants :

Essayez de faire repousser vos restes de légumes

Placez vos trognons de poireaux, de carottes, de salade etc. dans de l’eau et lorsqu’ils repartent, replantez-les en terre. Ça c’est du zéro déchet!

Notre premier essai n’avait pas été concluant : sur six trognons de poireaux, un seul avait repoussé. Mais nous avons appris de nos erreurs et en observant les plantations d’autres personnes, nous avons essayé en coupant le poireau un peu plus haut, c’est-à-dire en laissant un peu plus de la partie blanche au-dessus du trognon.

Et là, succès, 6 poireaux sur 6 sont repartis ! Deux d’entre eux sont d’ailleurs déjà replantés au potager.

Mais c’est le principe même de la pédagogie Montessori : apprendre de ses erreurs. La Nature est une excellente enseignante : si on ne fait pas ce qu’il faut, elle nous le fait vite savoir.

L’essentiel est de ne jamais le prendre comme un échec, mais simplement de réessayer et de s’entraîner. Nous avons passé l’étape de la repousse dans l’eau mais allons-nous réussir à faire pousser nos poireaux dans la terre ? Mystère…

Si vous n’avez pas prévu de faire une tarte aux poireaux cette semaine, ce n’est pas grave, ça fonctionne aussi avec la laitue, les oignons blancs, l’ail, le chou chinois, le cèleri, le gingembre ou le basilic s’y prêtent très bien !

Plantez quelques haricots en terre dans un petit pot en verre transparent

Essayez de coller au maximum les haricots à la paroi pour pouvoir les observer à chaque étape de la germination et tenez un petit journal d’observation.

Ici nous avons planté trois haricots issus de notre Toucan Box, (si cela vous intéresse, voici notre lien de parrainage pour vous faire bénéficier d’une Box offert).

On peut voir petit à petit la graine germer, les racines pousser, une petite tige émerger et la plantule sortir de terre. C’est l’occasion de faire quelques expériences !

Vous pouvez par exemple :

  • mettre un haricot dans l’eau et l’autre dans la terre humide
  • mettre un haricot au soleil et l’autre dans un placard
  • mettre un haricot dans une pièce au soleil et l’autre au frigo

Cela vous permettra de mettre en évidence les besoins d’une plante: de l’eau, mais aussi de la terre, de la lumière pour la photosynthèse, de la chaleur…

Et là seulement vous pourrez passer au matériel Montessori! Vous pouvez travailler sur le cycle de la plante, sur les puzzles de la graine, des racines, des feuilles…

La grande différence, c’est que votre enfant aura vu à quoi cela correspond dans la réalité. Et des choses un peu abstraites comme la structure de la graine prendront sens à ses yeux.

Si vous avez placé une graine dans l’eau et une autre dans la terre, vous allez voir la première germer tout de même, car elle contient en elle-même une petite réserve de nutriments : l’albumen. Vous pouvez alors montrer à votre enfant où se trouve cette partie dans la graine !

Mais au bout d’un moment, la plantule n’aura plus de quoi se nourrir et c’est là qu’elle aura besoin de terre.

Amusez-vous aussi à observer les cotylédons :ce sont les toutes premières feuilles de la plante, qui sont en fait des réserves nutritives. Certaines plantes en ont deux : ce sont les dicotylédones, d’autres n’en ont qu’un : ce sont les monocotylédones.

Les petits adorent ces mots compliqués, on dirait qu’ils les savourent, qu’ils en ont plein la bouche !

Petite remarque intéressante : les plantes dicotylédones donnent généralement des fleurs à quatre ou cinq pétales (ou un multiplie de 4 ou 5), tandis que les monocotylédones donnent des fleurs à trois pétales ou à symétrie axiale (comme les orchidées).

Si vous voulez examiner la différence entre ces deux types de plantes, voici ce que vous pouvez planter :

  • plantes monocotylédones : ail, maïs, poireau, blé, lys, orchidée…
  • plantes dicotylédones : tomates,

Et observez les premières “feuilles” qui sortent. Est-ce qu’il y en a une ? C’est une plante monocotylédone. Est-ce qu’il y en a deux ? C’est une dicotylédone !

Autre expérience amusante, vous pouvez aussi jouer à récupérer un haricot qui a déjà germé et à le retourner en mettant les racines vers le haut et en les recouvrant de terre. Au bout d’un moment, les racines vont se tourner et repousser vers le bas.

C’est une merveilleuse occasion de découvrir l’axe d’une plante : les racines poussent globalement vers le bas, et les tiges vers le haut !

Enfin, si vous manquez de patience ou que même en collant votre graine contre la paroi vous n’observez pas grand-chose, il existe de très belles vidéos comme celle-ci pour assister en quelques minutes à toutes les étapes, de la germination de la graine à la plante complète :

Jardinez et créez un petit potager

Vous n’avez pas forcément besoin d’énormément de place pour faire du jardinage, même en ville ! Une petite jardinière sur un bord de fenêtre, des murs végétaux, quelques pots d’herbes aromatiques dans la cuisine…

Même à Paris, on peut découvrir des tas de choses sur les plantes. Je me suis un jour retrouvée à faire une leçon de botanique sur les feuilles simples et les feuilles composées en pleine rue !

(Si vous ne connaissez pas la différence, rassurez-vous, je ne la connaissais pas non plus avant de me former à la botanique en pédagogie Montessori : en fait on reconnaît une feuille au petit bourgeon qui se trouve là où la feuille se rattache à la tige. Si vous observez bien, là où on croit voir plusieurs feuilles, on a en fait parfois une seule feuille, composée de plusieurs folioles : la différence est qu’il y a un seul bourgeon pour tous ces folioles.)

Parce qu’une image vaut mieux qu’un long discours, voici la différence (l’image provient du site de l’école élémentaire André Moncond’Huy, à Villers-Cotterêt) :

Mais si vous avez un potager, invitez vos enfants à venir désherber avec vous : vous allez vite remarquer que les racines sont très différentes les unes des autres et qu’on ne les arrache pas de la même manière.

Certaines racines, dites pivotantes, s’enfoncent très profondément dans le sol, mais il n’y a qu’une seule grosse racine principale. On peut donc creuser un peu autour pour l’attraper aussi bas que possible, et on est sûr de l’avoir intégralement arrachée si le bout n’est pas coupé.

D’autres, les racines fasciculées, restent à la surface mais se séparent en plein de petits radicules. Pas besoin de creuser pour les arracher, mais on peut être sûr de laisser un deux petits radicules dans la terre, ils sont si fins qu’ils s’arrachent très facilement !

Racines fasciculées (à gauche) et racine pivotante (à droite)

Ces deux types de racines correspondent à des stratégies différentes pour la plante: dans le premier cas, elle va chercher les nutriments et l’eau profondément dans la terre, et elle est moins soumise aux petits animaux qui grattent la terre et arrachent les plantes de surface.

Dans le deuxième cas, elle reste à la surface et s’étend davantage sur les côtés, mais même si elle est arrachée, il y a des chances qu’un petit morceau reste en terre et puisse repousser.

Eh bien je peux vous assurer qu’après avoir désherbé pendant une demi-heure, vous allez sentir la différence au bout de vos doigts ! C’est quand même bien plus parlant qu’un schéma de botanique !

Et c’est alors que les nomenclatures Montessori prennent tout leur sens : elles aident l’enfant à trier, à classifier, à distinguer, bref à comprendre les choses. Mais elles seraient bien arides si elles venaient remplacer le temps passé dans la nature (ce qui n’a jamais été l’intention de Maria Montessori, elle qui tenait à ce que toutes ses écoles aient un petit terrain où les enfants pouvaient sortir librement, quand ils le souhaitaient).

N’hésitez pas à confier à votre enfant un petit bout de jardin, SON petit bout de jardin (ou sa jardinière si vous vivez en appartement). Il pourra y planter ce qu’il veut, ce qu’il aime, et observer.

Il pourra expérimenter et apprendre de ses erreurs, comme nous l’avons fait en essayant de faire repousser des trognons de poireaux.

Et il apprendra au passage le sens des responsabilités : s’il oublie d’arroser en été, ses plantes vont mourir, mais s’il s’en occupe bien, il aura de beaux fruits et légumes ou de belles fleurs en retour, n’est-ce pas la plus belle des récompenses ?

Evidemment, cela implique de trouver un bon équilibre : vous pouvez par exemple lui montrer comment faire dans votre potager familial mais le laisser entièrement libre dans le sien. Si vous lui rappelez tous les jours d’arroser, cela va devenir une corvée et non plus une joie. Laissez-le assumer les conséquences naturelles de ses actions (et de ses oublis !), c’est le meilleur moyen pour lui de progresser.

Le nouveau petit potager d’un de nos enfants : vous remarquerez que deux des poireaux que nous avons fait repousser y ont trouvé leur place… Le reste ? Tomates cerises, radis, coquelicots, capucines, haricots nains et peut-être bientôt un melon !

Jardiner répondra en plus parfaitement à la période sensible des petits objets, si vous avez un enfant entre 2 et 3 ans : ils aiment observer les petites choses, comme une minuscule tige qui pousse, une petite fourmi qui court sur la terre ou une coccinelle sur une feuille.

Et si vous n’avez pas la main verte ou si vous manquez un peu d’imagination, le site Eveil et Nature propose justement en ce moment quelques vidéos très bien faites pour aider votre enfant à jardiner. Je n’ai aucun lien d’affiliation avec eux, mais je trouve leur initiative formidable et leurs vidéos très pédagogiques !

Alors sortez, jardinez, passez autant de temps que possible dehors ! Si vraiment il fallait achever de vous convaincre, la vitamine D est excellente pour le moral et on la produit en étant exposé à la lumière du soleil. Sans compter que les enfants se confient souvent plus facilement quand on fait une activité ensemble, et c’est l’occasion d’avoir des échanges profonds, sans aucune pression. Une raison de plus de sortir !

Et regardez, admirez, émerveillez-vous… Ces trois derniers jours, nous avons pu observer en vrac :une fourmilière, deux campagnols près d’une mare, toutes sortes de petits animaux « balayeurs » en préparant notre potager (cloportes, vers de terre, lithobies), un nid de foulque, le chant de la mésange et toutes les jolies fleurs qui se sont épanouies dans notre jardin.

D’autres familles que nous connaissons ont pu observer l’évolution d’une nichée d’oisillons, un nid de souriceaux, la naissance de papillons…

Il n’y a rien de plus beau que cette émergence de la vie à l’état brut !

Alors quoi, vous n’avez pas encore enfilé vos bottes ?

P.S. : Si vous voulez suivre nos activités au quotidien et voir à quoi ressemble l’instruction en famille Montessori, rendez-vous sur notre compte Instagram!

 

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