Comment être une bonne mère

Comment être une bonne mère ?

N’est-ce que ce n’est pas ce que nous aimerions toutes savoir ? Si j’avais la réponse, j’en serais bien heureuse, mais peut-être qu’en attendant cette fameuse solution parfaite, je peux partager avec vous mes dernières réflexions sur le sujet.

C’est toujours un sujet un peu difficile pour moi à aborder parce qu’il me force à écrire noir sur blanc que je ne suis pas la mère que je voudrais être. Personne n’a envie de reconnaître ça, mais je crois aussi que je ne suis pas la seule dans ce cas, et que mon expérience peut vous aider à progresser.

Quand on devient maman, on rêve souvent de devenir une mère parfaite, on pense à tout l’amour qu’on veut donner à ses enfants, à tout ce qu’on est prête à faire pour eux. Et puis la réalité s’installe, la fatigue nous submerge, et on se met à crier, ou on se retrouve à dire à nos enfants qui veulent jouer avec nous « Pas maintenant, plus tard », parce qu’on n’a plus d’énergie. Mais alors que faire ? Se résigner ? Faire de son mieux au quotidien ? Chercher tous les petits trucs et astuces qui peuvent traîner sur Internet pour être un peu plus patiente et offrir une meilleure énergie à ses enfants ?

Ou peut⁻être… sortir de soi et devenir… une héroïne ?

Je vous ai déjà parlé sur les réseaux sociaux d’un livre qui vient de sortir et que je trouve incroyable : The Alter Ego effect, de Todd Herman (il s’agit d’un lien affilié sur Amazon car je ne crois pas que vous le trouverez ailleurs, il s’agit d’un livre en anglais ; si vous décidez de l’acheter en suivant ce lien, pour me remercier Amazon me versera une petite commission sans que cela ne vous coûte rien).

Si je suis aussi enthousiaste au sujet de ce livre, c’est que je connais le principe de l’alter ego depuis environ 2 ans pour avoir entendu l’auteur en conférence et que j’avais essayé de l’appliquer à l’époque, mais que je me suis rendu compte, grâce à la lecture de ce livre, qu’en fait j’avais commis une erreur fondamentale et que ça ne pouvait pas fonctionner tel que je m’y prenais.

Mais depuis j’ai donc pu faire quelques changements dans ma façon d’utiliser un alter ego et, même s’il faut encore attendre quelques mois pour voir si les effets durent sur le long terme, je suis époustouflée par les résultats.

Avant tout, je tiens à clarifier un point important : même si j’évoque la mère parfaite au tout début de cet article, nous savons toutes très bien qu’elle n’existe pas,et qu’il n’y a aucun intérêt à chercher à devenir cette mère idéale qui n’est pas humaine. En revanche, et pour reprendre l’expression de Terry Brazelton, nous pouvons nous efforcer d’être des mères « suffisamment bonnes » (« good enough », en anglais). C’est là tout ce que j’ambitionne avec cet article.

Quel est le principe de l’alter ego ?

Todd Herman était à l’origine coach mental pour des sportifs.Pas n’importe quels sportifs : des champions nationaux, internationaux, des participants et des vainqueurs des Jeux Olympiques… Petit à petit, il s’est aperçu que beaucoup de très grands sportifs utilisaient une technique que lui-même avait utilisée plus jeune dans sa carrière sportive : laisser quelqu’un d’autre, un autre personnage (un alter ego) prendre les commandes pendant un match pour dépasser certains blocages mentaux et mettre en oeuvre les qualités dont le sportif a besoin dans ces circonstances précises.

Par exemple Dwayne Johnson (vous l’avez sûrement déjà vu dans des films d’action, il est maintenant devenu acteur) qui est un homme plutôt timide et d’une grande gentillesse, mais qui se transformait durant ses combats de catch en un lutteur impitoyable et redoutable, « The Rock ».

Ou dans d’autres domaines plus artistiques, le fameux alter ego Ziggy Stardust de David Bowie,qui lui permettait de transmettre des émotions sur scène alors que dans la vraie vie, il se considérait comme un robot. Ou encore Beyoncé, qui utilise l’alter ego Sasha Pierce, qui est bien plus extravertie et audacieuse qu’elle-même dans la vraie vie.

Mais tout le monde n’a pas forcément envie d’utiliser un alter ego pour marquer des points dans un match ou pour se trémousser sur scène à moitié nue !

L’intérêt est que ce système mental peut s’appliquer à tous les domaines : le sport, la création artistique, mais aussi le travail ou… la parentalité !

En fait tout dépend de ce que l’on cherche à extraire de soi-même, des qualités que l’on veut mettre en avant ou des peurs dont on veut se débarrasser. C’est là que le livre de Todd Herman est fascinant : lui-même, pendant des années, a été complexé par sa dyslexie et par son visage très juvénile. Il avait peur que les gens ne le prennent pas au sérieux et manquait terriblement d’assurance. Il a alors acheté des lunettes sans correction et a commencé à s’imaginer qu’à chaque fois qu’il les enfilait, il devenait Richard (son deuxième prénom), quelqu’un d’intelligent, capable d’articuler sa pensée avec élégance et confiance en soi.

Il ne le faisait pas pour le regard des autres, pour paraître plus intelligent à leurs yeux, mais simplement pour se sentir plus distingué.

Et c’est je pense là où on a toutes vécu des expériences un peu similaires en s’habillant d’une certaine façon pour des circonstances particulières. Par exemple à l’époque où j’étais traductrice indépendanteet où je passais régulièrement des entretiens par téléphone pour des projets de traduction, j’enfilais toujours une paire d’escarpins, pour me sentir davantage professionnelle, alors même que le responsable de l’agence de traduction au bout du fil ne pouvait absolument pas voir mes pieds ! Et même si je pouvais travailler librement de chez moi, je voyais très bien la différence dans ma rapidité d’exécution et dans la qualité de mon travail entre les moments où je travaillais en pyjama et ceux où je m’étais douchée, habillée et maquillée (autant vous dire que j’ai très vite arrêté de travailler en pyjama !).

Quel est le rapport avec la parentalité ? En quoi utiliser un alter ego pourrait-il m’aider à devenir une bonne mère ?

Comme je le disais, le système de l’alter ego peut s’adapter à tous les domaines de la vie, y compris à la parentalité. Le tout est de décider quel genre de mère on veut vraiment être, au fond de soi. Car il y a des milliers de façon d’être une bonne mère ! Certaines aiment chanter et danser avec leurs enfants (c’est mon cas), d’autres peuvent passer des heures à jouer avec eux aux Playmobil (ne comptez pas sur moi !). Certaines leur apprennent à s’émerveiller devant les beautés de la nature, d’autres leur font découvrir la technologie et la programmation à leurs moments perdus. Certaines sont douces et apaisantes, d’autres sont drôles et pétillantes. Certaines sont pensives et intellectuelles, d’autres sportives et dynamiques.

La première chose est donc de choisir les qualités que l’on veut mettre en avant dans son mode de parentalité. Et c’est là qu’il y a deux ans, j’avais commis une grosse erreur.

Vous voyez l’image de la maman douce et bienveillante? Avec de longs cheveux blonds, une jupe bohémienne, une voix calme et posée qui vous fait immédiatement vous sentir bien (oui, comme l’image qui illustre cet article tout en haut, en tout cas c’est toujours comme ça que je me l’imagine, allez savoir pourquoi) ? La maman qui ne s’énerve pas, ou en tout cas qui n’élève jamais la voix, la maman qui réconforte ses enfants de sa voix mélodieuse ? C’était mon idéal de maman.

Mais je n’arrivais pas utiliser ce type d’alter ego, ça ne « prenait » pas.

Avant que je ne réalise, il y a environ 2 mois, que c’était tout simplement parce que ça ne me correspondait pas du tout ! Qu’en fait mes valeurs n’étaient pas alignées avec celles de cet alter ego. Que même si j’admire la douceur chez les autres, au fond je préfère l’intelligence et l’humour, le non-sens ou le trait d’esprit.

Ce déclic, je l’ai eu en regardant avec mes enfants « Le retour de Mary Poppins », avec l’incroyable Emily Blunt dans le rôle principal (allez le voir si vous ne l’avez pas encore vu, il est merveilleux !). Et j’ai eu un déclic : mon véritable alter ego en tant que mère, la maman que je rêvais d’être, en fait c’était elle.

Je suis bien consciente que beaucoup d’autres mamans détesteraient qu’on leur dise qu’elles ressemblent ce personnage de la nouvelle Mary Poppins, que certaines trouveront peut-être sec ou arrogant, mais voici les qualités que je lui vois :

– elle observe sans arrêt les enfants, elle est extrêmement attentive à leurs besoins / angoisses / tristesses

– elle a une grande empathie, même si elle le cache (comme on le voit dans la scène où elle entend derrière la porte les enfants qui parlent de leur mère décédée)

– elle fait preuve d’une très grande fantaisie et chante de merveilleuses chansons

– elle arrive toujours à convaincre les enfants de faire ce qui est bon pour eux, ou bien en prenant les choses comme un jeu, ou en utilisant la psychologie inversée et l’ironie (comme dans la scène du bain, où elle affirme tranquillement et en chanson que jouer dans son bain est ridicule et puéril, tout en sortant un magnifique bateau de son sac magique et en chuchotant à un dauphin dans la baignoire)

– elle est dynamique et n’aime pas les pertes de temps inutiles (« Spit spot ! » en VO)

J’ai donc décidé de choisir ce nouvel Alter Ego et de l’utiliser dans les moments où ma patience de maman est le plus mise à rude épreuve : pendant nos séances de travail (en instruction en famille) et quand nous faisons une activité un peu spéciale (cuisine, pâte à modeler, loisirs créatifs ou grande sortie à la journée), qui risque de dégénérer.

L’un des moyens les plus efficaces d’activer son alter ego est d’avoir un petit objet symbolique que l’on met sur soi, et qui fonctionne un peu comme un interrupteur. Pour Todd Herman (et Martin Luther King d’ailleurs, j’ai appris cela grâce au livre), c’étaient les lunettes. Certains sportifs mettent une carte avec un joueur qu’ils admirent dans leur manche, mais on peut aussi enfiler un bracelet, se mettre quelque chose dans les cheveux ou toucher une figurine.

C’est le passage dans la cabine téléphonique de Clark Kent qui se change et devient Superman.

C’est un phénomène psychologique passionnant : nous sommes beaucoup plus influencés que nous le croyons par ce que nous portons. Le terme anglais (je n’en connais pas de traduction en français) est « enclothed cognition », et il est très bien illustré par une expérience publiée dans le Journal of Exprimental Social Psychology, dans laquelle les participants étaient divisés en 3 groupes : l’un était invité à porter une blouse de médecin, le deuxième à porter une blouse de peintre, et le troisième avait sous les yeux une blouse de médecin.

On a ensuite testé les facultés d’attention de chacun de ces groupes et ceux qui portaient une blouse de médecin ont fait preuve de bien plus d’attention que ceux qui portaient une blouse d’artiste. Ceux qui avaient seulement la blouse de médecin sous les yeux se situaient entre les deux groupes.

Mais ce qui est vraiment amusant, c’est qu’en fait les blouses étaient toutes rigoureusement identique ! Les deux critères importants pour que la blouse ait un effet sur l’attention étaient qu’elle devait être portée et qu’elle soit associée à la médecine, discipline généralement connue pour sa rigueur et son attention aux détails. Il y a fort à parier que si on avait testé la créativité des sujets, ceux qui pensaient porter une blouse d’artiste l’auraient largement emporté.

Comme les escarpins que je portais en entretien téléphonique alors que personne ne pouvait voir mes pieds, on peut donc se choisir un artefact, un petit objet symbolique. Pour Mary Poppins, j’ai commandé un joli bracelet avec un rouge-gorge, qui me rappelle celui qu’elle porte sur son chapeau (dans la nouvelle version). J’ai hâte de le recevoir, car en attendant je fais sans, mais il devrait me servir de rappel constant et renforcer considérablement les effets de l’alter ego sur ma façon d’être maman.

Est-ce que ce n’est pas bizarre, hypocrite, mensonger ? Ou est-ce qu’on n’est pas d’une certaine manière possédé ?

Ma première réaction lorsque j’ai entendu parler du principe de l’alter ego a été de penser que ce n’était absolument pas fait pour moi. L’honnêteté est pour moi une vertu capitale et je ne me voyais pas vivre une partie de ma vie dans le mensonge.

Mais en fait il ne s’agit pas du tout de se faire passer pour ce que l’on n’est pas. Il s’agit d’extraire de soi-même des qualités, des vertus, des façons d’être qui sont déjà présentes mais qui sont cachées, piégées sous tout un tas de peurs, de traumatismes du passé ou d’angoisses. C’est pour cela que mon premier alter ego ne pouvait pas fonctionner : il n’était pas aligné avec mes valeurs profondes, je n’avais pas cet alter ego en moi.

Et surtout, je ne crois pas que nous ayons une personnalité bien définie, bien carrée, qui resterait rigide. Nous avons de nombreuses facettes et nous ne nous présentons pas au monde de la même façon en tant que femme, mère, épouse, amie, employée, bénévole etc. Nous avons en nous beaucoup de qualités et beaucoup de défauts, et certaines de nos qualités dans un domaine précis seraient de graves défauts dans un autre.

Croyez-vous par exemple que les enfants de Todd Herman apprécieraient de le voir comme Richard, l’homme intelligent et distingué ? Ils s’en fichent complètement et préfère avoir un papa joueur et aimant ! C’est pour cela qu’un alter ego n’est en fait qu’une façon de faire ressortir certains aspects de sa personnalité dans un domaine précis de sa vie.

A l’inverse, on n’attend pas d’un juge dans l’exercice de ses fonctions par exemple, qu’il se comporte de façon comique et cherche à s’amuser : on attend de lui qu’il fasse preuve de sérieux et de justice.

Bref, ce n’est pas un autre qui prend notre place, c’est l’un de nos multiples « moi » qui prend simplement le dessus. Et ce qui est formidable, c’est qu’à force d’utiliser le système de l’alter ego, on n’a plus besoin de cette « béquille » et si on oublie ses lunettes / son bracelet / son artefact, on peut malgré tout être la personne que l’on a décidé d’être. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle David Bowie a « mis à la retraite » son alter ego Ziggy Stardust : il prenait trop de place et influençait sa vie de façon négative. D’où l’importance de bien choisir les qualités que l’on veut mettre en exergue chez soi, il est toujours délicat de jouer avec le feu en développant une personnalité extrêmement extravertie et provocatrice comme certains artistes. Heureusement, dans le domaine de la parentalité, ça ne devrait pas poser tellement de problèmes !

Mais le pouvoir incroyable de l’imagination, de l’utilisation d’un artefact et de la personnalisation de l’alter ego (comme lorsque j’ai choisi pour moi-même le personnage de Mary Poppins lorsque je veux être une bonne mère), c’est que tout cela nous permet de passer au-delà de nos obstacles inconscients. Je paraphrase le livre, mais en gros, lorsque toutes les solutions rationnelles ont échoué (« allez, tu vas y arriver, il suffit de faire un effort et de serrer les dents »), il est temps d’utiliser la force de l’inconscient.

Comment s’y prendre, avec l’exemple de la parentalité ?

Supposons donc que vous ayez envie de devenir une meilleure mère, ou en tout cas la mère que vous rêveriez d’être. Voici les étapes que vous pouvez suivre :

– acheter le livre The Alter Ego Effect(attention, il est en anglais !), parce que je ne suis pas une spécialiste en la matière et que vous risquez, comme je l’ai fait il y a deux ans, de mal comprendre certains aspects du phénomène et de partir dans une mauvaise direction (d’autant plus que mes explications ne sont que ce qu’elles sont…)

– réfléchir aux qualités que vous voudriez démontrer en tant que mère idéale, ou disons mère suffisamment bonne : vous pouvez par exemple faire une liste d’adjectifs, comment aimeriez-vous que vos enfants vous décrivent en tant que maman ?

– essayer de trouver un personnage réel, de fiction, ou un animal qui incarne pour vous ces caractéristiques (j’insiste, pour vous ! Peut-être que Mary Poppins vous évoque tout autre chose qu’à moi, ce n’est pas un problème)

– chercher un objet symbolique(idéalement, quelque chose que vous pourriez mettre sur vous) pour activer votre alter ego. Les bijoux s’y prêtent très bien.

– vous entraîner pendant une dizaine de minutes en activant votre alter ego. Puis recommencer pour des périodes un petit peu plus longues. Attention, il est vraiment important de conserver tout son effet psychologique à l’artefact que vous utilisez :  pas question pour moi par exemple de garder mon bracelet à rouge-gorge pendant que je travaille !

– essayer ensuite d’appliquer ce système dans d’autres domaines de votre vie : on peut bien sûr avoir plusieurs alter egos, mais il vaut mieux ne chercher à en développer qu’un seul à la fois.

Bien entendu, après mon échec d’il y a deux ans, je n’en suis qu’au tout début de ma nouvelle expérience avec les alter egos, mais j’en vois vraiment les effets sur ma façon d’interagir avec mes enfants. Là où naturellement j’aurais tendance à m’agacer, je me transforme en Mary Poppins que rien ne peut atteindre, ce qui me fait prendre un recul phénoménal, et je réponds par une pirouette qui détend tout de suite la situation. Autrefois je me serais simplement forcée à être plus patiente, jusqu’à ce que je n’en puisse plus et que j’explose (c’est pour cela que l’idée de devenir une mère tout douce et apaisante ne me correspondait pas).

Si vous hésitez à tenter le coup par vous-même, je vous tiendrai de toute façon au courant d’ici quelques mois de ce que donne cette expérience. Et qui sait, si cela fonctionne bien pour m’aider à devenir la mère que j’aimerais être, peut-être que je me développerai aussi un alter ego pour le travail (j’avoue que j’ai déjà ma petite idée, mais une chose à la fois 😉 ).

 

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