Mes 9 conseils pour sortir au musée avec des enfants
Le gros avantage de l’instruction en famille, c’est que la partie disons plus scolaire (apprendre à lire et écrire, à compter et calculer, la manipulation du matériel Montessori de manière générale) nécessite rarement plus de quelques heures de travail le matin, libérant ainsi les après-midi pour des sorties qui permettent d’aborder différemment toutes sortes de matières : les sciences naturelles dans la nature, la géographie en voyage, l’histoire dans les musées ou les lieux historiques, l’art dans les musées également ou des lieux à l’architecture marquante. Nous sommes donc plutôt rôdés et ces sorties se passent habituellement très bien. Jusqu’à notre dernière sortie, au musée du Moyen-Âge de Cluny, où nous avons négligé un certain nombre de nos habitudes, et où nous l’avons amèrement regretté ! Alors afin de vous permettre (et à nous aussi) de ne pas répéter nos erreurs, voici une petite liste de conseils pour passer un bon moment dans un musée avec vos enfants.
1/ Choisissez bien votre moment
En IEF, c’est facile, on peut sortir quand on veut, même en-dehors des mercredis, des week-ends et des vacances scolaires. On a donc plus de chances d’éviter la foule et le bruit. Cette fois-ci, comme nous voulions voir cette exposition sur les Mérovingiens en famille, nous avons attendu les vacances scolaires, et nous avons pu constater la différence ! Beaucoup de monde, une circulation difficile dans le musée et un brouhaha permanent qui était assez fatiguant pour les nerfs.
Si vos enfants vont à l’école, sortez plutôt le matin que l’après-midi (en plus, ils seront plus concentrés) et consultez le site Internet de l’endroit que vous souhaitez visiter : il y a parfois une indication des heures pleines et des heures creuses. N’hésitez pas non plus à passer un petit coup de fil à l’accueil, ils pourront sans doute vous renseigner sur le meilleur moment pour une visite en famille.
2/ Assurez-vous que les besoins fondamentaux des enfants soient satisfaits avant de partir.
Il faut qu’ils aient bu, qu’ils aient mangé, qu’ils soient reposés et qu’ils soient allés aux toilettes, ainsi vous aurez un peu de marge avant la prochaine pause pipi ou goûter. Glissez dans un sac une gourde d’eau et une petite collationpour les moments de fatigue. Vérifiez toutefois que le musée ou le lieu que vous visitez accepte qu’on y introduise de la nourriture ou des boissons. Généralement, tant que l’on ne mange pas au milieu des collections, cela ne pose pas de problème.
Nous avons sauté l’étape de la gourde, en nous disant que nous achèterions une bouteille sur place. Mais évidemment, nous avons oublié et ce n’est qu’en plein milieu du musée que la soif s’est déclarée chez François… Il a dû patienter jusqu’à notre sortie mais autant dire que la bonne humeur n’était pas au rendez-vous et que lorsqu’on a soif, même les tenues de chevaliers perdent leur intérêt !
3/ Pour les vêtements, la règle d’or est : anticipez !
Pensez évidemment auxécharpes, bonnets et gantss’il fait très froid, aux chapeaux et à la crème solaire s’il fait très chaud, mais pensez aussi au moment où vous serez dans le musée. Quand on a trop chaud ou trop froid, la moindre contrariété prend des proportions démesurées, il faut donc pouvoir enlever ou rajouter une couche facilement.
Avez-vous un sac assez grand pour contenir les manteaux/accessoires ? Pourrez-vous par exemple l’accrocher à la poussette ou devrez-vous le porter ? Y a-t-il un vestiaire, gratuit ou payant ? Si vous y allez en voiture, pouvez-vous laisser un maximum de choses dedans ? Croyez-moi, plus vous serez à l’aise à l’intérieur, plus la visite sera facile, alors anticipez. Préférez aussi les sacs à dos aux sacs à main, votre dos vous en remerciera ! Mais n’oubliez pas qu’avec le plan Vigipirate, les vestiaires peuvent se retrouver fermés et ne prévoyez pas des sacs trop volumineux, vous risqueriez d’être refoulé à l’entrée.
4/ Si vous avez un bébé, choisissez entre poussette/écharpe/porte-bébé
L’écharpe est très pratique pour les petits bébés, en particulier dans les endroits où il y a beaucoup d’escaliers. Elle permettra aussi à votre petit dernier de s’endormir plus facilement, un peu isolé des stimuli extérieurs, pendant que vous profitez de la visite avec un ou des enfants plus grands. Bien entendu, cela implique de porter quelques kilos pendant toute la durée de la visite, mais au moins vous faites du sport !
La poussette quant à elle permet d’y accrocher ou d’y poser des sacs, ce qui vous évite de porter un poids. Si votre enfant marche déjà bien, vous pourrez facilement le laisser monter et descendre de la poussette suivant les endroits et son niveau de fatigue. Si besoin, il pourra également s’endormir. En revanche, attention aux escaliers, surtout si vous êtes le seul adulte, il vous sera difficile de les franchir avec la poussette. Par ailleurs, certains endroits interdisent les poussettes : jetez un œil sur le site Internet avant de vous décider.
Concernant le porte-bébé, je recommande plutôt la version de randonnée pour faire des balades en extérieur, avec les mêmes avantages que l’écharpe mais plus de confort lorsque votre enfant commence à grandir mais ne peut pas encore faire de longues marches. Pour les petits bébés, le portage en écharpe est plus physiologique, il préserve bien votre dos et vos abdominaux tout en rassurant le tout-petit avec l’odeur et la chaleur maternelles. Là encore, certains musées interdisent les porte-bébés de randonnée, mais il est rare qu’ils interdisent les écharpes.
En l’occurrence, le musée de Cluny comportait un certain nombre d’escaliers, mais nous étions deux, donc la poussette était bien adaptée. Notre petit dernier, Stan, a pu s’endormir facilement au moment où il en a eu besoin.
5/ Préparez les enfants à la visite
Parlez-leur de ce que vous allez faire ensemble quelques jours à l’avance, suscitez l’anticipation (pas trop tout de même, il vaut mieux être agréablement surpris que déçu, mais présentez-leur la visite comme l’occasion de découvrir plein de nouvelles choses passionnantes !).
Si vous y allez en transports en commun ou en voiture, prévoyez par exemple des petits livres pour les préparer à ce qu’ils vont voir : un livre sur l’Egypte avant d’aller voir les momies du Louvre,le musée de Babaravant un musée des beaux-arts, un livre sur la vie au siècle dernier avant un musée d’histoire populaire. Ils auront le temps de se plonger dans le thème, vous pourrez poser le cadre, rappeler quelques faits importants sur l’époque ou la période artistique. Ils pourront ainsi tirer plus de profit de leur visite et ils auront déjà une certaine familiarité avec ce qu’ils verront, ce qui les rendra plus attentifs.
Et puis au retour, ce sera l’occasion de lesfeuilleter à nouveauet peut-être d’avoir quelques bonnes surprises : un jour en revenant du Louvre, les enfants ont réalisé que la grande majorité des images d’un de nos livres représentaient des objets du Louvre. Ils ont donc passé une heure à s’amuser à reconnaître ce que nous avions vu au musée !
6/ Pendant la visite, ne perdez pas le fil !
Pour les lieux historiques, si vous appliquez les principes de la pédagogie Montessori, n’oubliez pas deux choses fondamentales pendant votre visite :transmettre l’idée de chronologie et raconter ou montrer la vie quotidienne des gens. Lorant Deutsch disait récemment dans un journal que pour lui, l’histoire, c’était deux choses : la chronologie et l’incarnation. Pour moi, cela résume parfaitement la vision Montessori de l’histoire.
Si vous visitez une exposition chronologique, parfait ! La moitié du travail est déjà fait. Sinon, ce n’est pas toujours évident, essayez tout de même de montrer l’évolution chronologique d’une même chose à travers les époques. Au musée de Cluny, il y avait une très belle salle sur l’orfèvrerie qui rassemblait des pièces de l’Âge du bronze jusqu’à la fin du XVe siècle, en plus classées par ordre chronologique ! C’était passionnant de pouvoir suivre l’évolution des techniques et des matériaux, des simples bracelets en or jusqu’aux reliquaires en forme de petites chapelles gothiques.
Concernant l’exposition sur les Mérovingiens, en revanche, c’était un peu le fouillis. On passait de Childéric à Dagobert (léger saut dans le temps d’un siècle et demi), et il était ensuite difficile de trouver un fil conducteur. On revenait à Clovis, Saint Rémy se trouvait à côté de Saint Eloi, le tout à côté d’une statue de l’empereur Justinien qui devait appartenir aux collections permanentes du musée !
Il aurait fallu que mon mari ou moi-même fissions un petit tour rapide pour mieux comprendre l’organisation de l’exposition et que nous nous concentrassions par exemple sur l’évolution des livres et de l’écriture(il y avait de très beaux exemples de livres en parchemin et en papyrus, différentes calligraphies, et l’exposition permanente du musée permettait de poursuivre avec l’apparition des lettrines et des enluminures). Un autre thème intéressant aurait été l’habillement des Mérovingiens, avec beaucoup de boucles de ceintures, une tunique de la reine Bathilde bien conservée, des fibules, et la réponse à une question que je me posais depuis longtemps : comment les femmes riches de cette époque faisaient-elles tenir leurs bas ? Réponse : elles avaient déjà des jarretières avec des attaches métalliques comme celles-ci. L’industrie de la lingerie n’a finalement pas inventé grand-chose depuis…
7/ Faites une pause
Si vous le pouvez, arrêtez-vous un peu pour le goûter, ou trouvez au moins un endroit pour vous asseoir et vous reposer un peu. Cela permettra aux enfants de commencer à digérer ce qu’ils auront vu et de recharger leurs batteries.
N’hésitez pas à faire un petit bilan avec eux, à leur demander s’ils ont des questions, à revoir la chronologie. N’ayez pas peur des mots compliqués, dès 3 ans, les enfants ont tendance à raffoler des mots difficiles à prononcer, c’est comme un défi pour eux !
8/ Sachez partir au bon moment
N’attendez pas que tout le monde soit exténué pour quitter le musée : il vaut mieux partir avant d’avoir tout vu et en garder d’excellents souvenirs que de parcourir la fin d’une exposition au pas de course avant de rentrer avec des enfants épuisés et en larmes. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime beaucoup les pass à l’année. Cette année, nous en avons un pour le Louvre : c’est gratuit pour les enfants et j’ai un abonnement à l’année qui ne me coûte que 35 € (80 € pour les plus de 30 ans). Quand on sait qu’un billet coûte déjà 15 € et que nous y faisons une sortie à peu près tous les mois, pour étudier l’histoire et l’histoire de l’art, c’est vite rentabilisé !
Avec ce genre de pass, on culpabilise beaucoup moins lorsque l’on doit abréger une visite : on se dit simplement qu’on y retournera un autre jour ! Et puis l’année d’après, il suffit de prendre un pass pour un autre endroit afin d’explorer de nouvelles choses.
9/ Prolongez la visite chez vous
Empruntez des livres sur le sujet à la bibliothèque, approfondissez un thème particulier qui a particulièrement plu aux enfants… Et pensez à la réalité virtuelle. Saviez-vous qu’il est désormais possible, non seulement de voir les rues de Paris telles qu’elles sont aujourd’hui, mais aussi de les parcourir virtuellement telles qu’elles étaient à une époque du passé ? C’est Dassault Systemes qui est à l’origine de ce projet. Vous pouvez en découvrir le résultat sur leur site Internet : http://paris.3ds.com/. Mais de manière générale, de nombreux monuments sont aujourd’hui reconstitués en 3D et proposent des visites virtuelles, parfois à différentes époque. Cherchez simplement « muraille de chine visite virtuelle » ou « reconstitution 3D Pompéi » sur un moteur de recherche et préparez-vous à être ébahi !
Je vous recommande toutefois expressément de commencer par une visite réelle avant de passer à la version virtuelle, cela posera un cadre clair pour les enfants (ils comprendront mieux que ce qu’ils voient n’existe plus tel quel et ils auront pu observer sur place les traces de ce qui existait autrefois avant de le voir reconstitué sur l’écran).
Une fois qu’ils auront bien compris le principe, vous pourrez envisager de leur montrer directement sur ordinateur des sites trop éloignés pour être visités (en Montessori, il est toujours préférable de partir du concret, mais vous n’avez peut-être pas prévu une visite à Machu Picchu dans les 10 ans à venir !). Là encore, j’insiste, mais cela ne doit être qu’un complément à des visites « physiques », et pas avant 7 ou 8 ans.
En tout cas, plus vous aurez l’occasion de rafraîchir leurs souvenirs, mieux vos enfants se souviendront de ce qu’ils ont vu.
Certains de ces conseils vous paraîtront sans doute évidents, d’autres peut-être moins.Quoi qu’il en soit, dans la précipitation d’un départ, il est facile d’oublier l’un ou l’autre de ces points. C’est pourquoi je vous conseille de placer cet article parmi vos favoris pour préparer vos visites sereinement.
Maintenant que vous voilà paré à toute éventualité, bonnes visites !
Pour aller plus loin, voici quelques idées de visites sur le thème des Mérovingiens :
–exposition temporaire Les Temps mérovingiens au musée de Cluny, à Paris, jusqu’au 13 février 2017
– exposition sur L’Austrasie, le royaume mérovingien oublié, au musée de Saint-Dizier, jusqu’au 26 mars 2017, exposition qui rejoindra ensuite du 3 mai au 1er octobre 2017 le Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
– quelques lieux historiques mérovingiens à visiter au hasard de vos voyages : château de Matval à Bonneveau, dans le Loir-et-Cher, château de Roussille à Douville, dans le Périgord, fontaine Saint Dagobert à Mouzay en Lorraine (occasion d’une randonnée en forêt)
– les rois mérovingiens avaient pour habitude de prendre un clerc pour conseiller (c’étaient en effet les érudits de l’époque) et beaucoup ont été canonisés : on connaît bien entendu Saint Eloi, de la fameuse chanson sur Dagobert, mais il y avait aussi Saint Rémi, qui a baptisé Clovis, Saint Domnole, conseiller de Clotaire Ier, Saint Arnoul de Metz, qui conseillait Dagobert du temps où il n’était que roi d’Austrasie, Saint Didier de Cahors, trésorier de Clotaire II. A l’inverse, Grégoire de Tours, historien des Francs, s’est opposé à Chilpéric Ier et d’autres membres de la famille royale. Les vitraux étant de magnifiques livres d’images, cherchez donc des églises autour de chez vous portant ces noms. Fiez-vous aussi au nom des villes, comme Saint-Rémy-lès-Chevreuse ou Saint-Rémy-de-Provence, et cherchez les lieux marquants de l’histoire des Mérovingiens, comme Reims avec la basilique Saint Rémi. L’église Saint Laurent à Paris comporte également une série de vitraux sur Saint Domnole, qui a été abbé du lieu. Bref, soyez curieux, regardez autour de chez vous, posez-vous des questions et vous ferez de belles découvertes avec vos enfants !