Apprendre à lire : par quoi commencer ?

APPRENDRE À LIRE : PAR QUOI COMMENCER ?

Depuis quelque temps, votre enfant montre de l’intérêt pour les lettres ou les sons et vous vous dites qu’il est peut-être temps de lui apprendre à lire. Mais comment savoir si c’est vraiment le bon moment ? Par quoi commencer ? Parallèlement, comment détecter d’éventuelles difficultés de lecture ? Aujourd’hui, je voudrais vous présenter Léa, une orthophoniste qui aide les parents à devenir pleinement acteurs du développement de leur enfant. Vous pouvez directement écouter nos échanges dans cet épisode du podcast ou lire ce compte-rendu et découvrir nos conseils pour éviter les retards et pour favoriser l’entrée dans la lecture dès tout petit.

Un magazine pour accompagner son enfant dans le langage et la lecture

À la fois orthophoniste et créatrice de contenu sur Internet, Léa Helias est aussi la fondatrice d’un magazine qui traite essentiellement du langage, de la motricité, bref, de tous les sujets sur lesquels elle peut apporter son regard de spécialiste. Ce magazine a fêté son 1er anniversaire en mars 2021 et le numéro d’avril se centre sur l’apprentissage de la lecture. C’est l’occasion de découvrir ensemble des conseils pour savoir quand et comment apprendre à lire à son enfant.

Léa Helias, orthophoniste, sur les bases de la lecture

Comment est né le magazine Parentalité éclairée ?

Léa, la créatrice du magazine Parentalité éclairée s’attache vraiment à faire connaître et à transmettre tout ce qu’elle peut aux parents pour faciliter l’apprentissage du langage pour leurs enfants.

Le magazine parentalité éclairée vous aide dans vos premiers pas pour l'apprentissage de la lecture

Nous nous connaissons depuis environ 4 ans et demi et elle est l’une des premières à avoir rejoint ma formation Vie pratique et Vie sensorielle. À l’époque, elle souhaitait en savoir un peu plus sur cette partie de la pédagogie Montessori et en apprendre davantage pour ses enfants. À cette occasion, nous avions eu quelques échanges à propos de l’orthophonie et du langage oral. 

Elle transmettait déjà beaucoup grâce aux réseaux sociaux car cela lui tenait à cœur. Mais elle ressentait aussi un besoin de la part des parents de disposer de contenus beaucoup plus détaillés et approfondis pour les aider à favoriser le bon développement de leurs enfants. C’est comme cela que le magazine est né !

Qui intervient dans le contenu du magazine ?

Plusieurs professionnels apportent leur contribution : des ergothérapeutes et d’anciennes maîtresses d’école sont déjà intervenus par exemple. L’idée est de proposer une vision globale de l’enfant. 

Pour les parents qui cherchent à aider leur enfant et à favoriser leur développement, il y a évidemment Internet. Mais on y trouve beaucoup de choses superficielles ou trop rapidement expliquées. Parfois le contenu doit tenir en une légende Instagram ou en un post Facebook, ce qui est donc très limité. On ne sait jamais non plus qui est exactement derrière, d’autant plus que tout le monde n’a pas les mêmes compétences professionnelles.

Il est donc précieux d’offrir le regard de différents professionnels sur tous ces thèmes autour de l’enfance.

Quel est l’objectif du magazine pour les parents ?

L’objectif du magazine est de rendre les parents acteurs du développement de leur enfant. Je trouve cela formidable, car cela répond totalement à mon objectif aussi, qui est d’inviter les parents à redevenir les premiers éducateurs de leurs enfants à travers l’école à la maison, le coschooling, etc. Nos objectifs se rejoignent donc totalement, mais par des chemins différents.

Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une dynamique où de plus en plus de parents s’impliquent et ont vraiment envie de faciliter le développement de leurs enfants. D’une manière générale, tout parent veut bien faire et c’est donc l’occasion d’apporter les bonnes clés pour savoir comment agir. Parfois, il manque simplement à certains parents la bonne clé, car ce qui leur avait été dit ou ce qu’ils faisaient naturellement n’était pas tout à fait juste. 

Pour apprendre à lire à vos enfants il vous suffit quelques fois des bonnes clés

Le but est d’apporter un support non limité par un nombre de caractères, comme le sont les fameuses légendes Instagram ! Le support magazine permet de développer des idées de manière suffisante tout en sélectionnant les informations. 

Comme dit plus tôt, Internet foisonne de contenus, mais qui restent assez souvent superficiels. Les parents sautent dessus en pensant bien faire, mais sans connaître le fond ni savoir pourquoi ils proposent telle ou telle activité. 

De plus, contrairement à ce qui est le plus souvent mis en avant sur les réseaux sociaux, ce n’est pas tant l’âge de l’enfant qui est important que son niveau de développemen. De la même façon, dans la pédagogie Montessori, on ne fait pas les mêmes gestes avec les enfants de moins de 3 ans et ceux de plus de 3 ans. En prenant une activité isolée, on perd donc tout ce contexte.

L’objectif du magazine Parentalité éclairée est au contraire de transmettre des idées et des informations en donnant le contexte et toutes les explications nécessaires. Ainsi les parents savent pourquoi proposer telle activité ou adopter telle manière de faire. 

Aborder la lecture selon différents points de vue

Le numéro d’avril 2021 de Parentalité éclairée porte sur la lecture. Et en discutant avec Léa, nous nous sommes rendu compte que le hasard nous avait réunies sur ce sujet. En effet, parallèlement, il se trouve que je rouvre les inscriptions à ma formation en Langage pour les 3-6 ans, pour apprendre à lire et à écrire avec la pédagogie Montessori. C’était donc l’occasion de parler de lecture ensemble et d’en faire profiter les parents qui nous lisent ! 

Cela permet d’aborder ce thème de deux manières différentes et d’échanger en confrontant nos points de vue, qui ne sont pas nécessairement identiques. Ce type d’échange très riche permet à chacun de tirer ce qui correspond à sa famille et à ses enfants.

Peut-on proposer une même activité pour des enfants d’âge différents ?

On peut potentiellement proposer une même activité pour des enfants d’âge différents, à condition d’adapter les objectifs

Par exemple, on peut se servir de pinces à linge en motricité fine. Pour un tout-petit qui commence tout juste à s’asseoir, on peut juste montrer comment les enlever du contenant sans avoir plus d’attentes derrière, tandis qu’avec un plus grand, les attendus seront plus élevés. Bien souvent, avec un même matériel on peut proposer aux enfants des activités ciblées qui répondent à leurs besoins propres. On peut utiliser un même matériel pour plusieurs niveaux ou même à travers différents thèmes. 

Cette notion d’adaptabilité est manquante sur les réseaux sociaux et c’est vraiment dommage. La plupart du temps, on nous présente une activité figée, sans préciser l’âge de l’enfant ni expliquer pourquoi on l’a faite, mais seulement parce que c’est esthétique et joli à montrer. 

Sur les groupes Montessori, il y a toujours des parents qui demandent ce qu’ils peuvent proposer à leur bébé de 18 mois par exemple. C’est malheureux car l’âge est une chose, mais il faut surtout savoir où en est l’enfant dans sa motricité globale ou son langage notamment. Deux questions reviennent alors : « Où en est l’enfant dans son développement, est-il dans une période sensible Montessori particulière (langage, interactions sociales, langage, etc.) ? ». Et : « À quoi s’intéresse l’enfant en ce moment ? »

À partir de ces éléments, on va pouvoir définir un thème et un objectif pour les activités proposées. Un même objectif peut se retrouver dans beaucoup de thèmes différents et à l’inverse, un thème général peut être lié à des objectifs très diversifiés. C’est donc très important d’adapter les activités en fonction de l’enfant, ses intérêts et son stade de développement.

Un magazine créé par une orthophoniste pour aborder le langage

Quel est le rôle d’une orthophoniste ?

Souvent, on pense aux orthophonistes pour les retards de langage, les problèmes d’articulation ou les problèmes de dyslexie. Mais en réalité, leur rôle est beaucoup plus vaste.

En résumant de façon très succincte, la prise en charge de l’orthophoniste s’effectue depuis le nourrisson jusqu’à la personne âgée. Toutes les classes d’âge peuvent être concernées. Bien sûr, chaque orthophoniste a ses spécialités. Un orthophoniste peut par exemple prendre en charge les problèmes de succion des bébés et tout ce qui touche à ce qu’on appelle l’oralité alimentaire. Des enfants touchés par des troubles du spectre de l’autisme peuvent aussi être pris en charge en orthophonie, de même que les problèmes de bégaiement ou les troubles liés au calcul et la dyscalculie. C’est un métier dont les domaines d’action sont très vastes. Du côté des adultes, les maladies neurodégénératives (Alzheimer notamment) sont aussi accueillies. 

Pour faire simple, l’orthophoniste aide les enfants à progresser et il aide les adultes à maintenir ou à réhabiliter des fonctions perdues à cause d’une maladie ou d’un accident par exemple. En bref, tout ce gravite autour du langage et de la communication peut être pris en charge par un orthophoniste.

Quels sujets sont abordés dans Parentalité éclairée ?

Les 4 premiers numéros de Parentalités éclairée traitent du langage oral, de l’acquisition des sons, de la motricité fine et de l’accompagnement aux premiers mots. Celui d’avril 2021 aborde la lecture. Le langage, oral comme écrit, est un thème qui est finalement presque inépuisable, sans compter le non-verbal qui est tout aussi important, même si on l’oublie parfois.

La période sensible du langage facilite l'apprentissage de la lecture

De la même manière, le métier d’orthophoniste est large et touche à de nombreux domaines. La collaboration avec d’autres professionnels permet néanmoins d’aborder tous ces thèmes en profondeur et sous différents points de vue.

Identifier le bon moment pour débuter l’apprentissage de la lecture

À partir de quel âge commencer la lecture ?

Il n’y pas d’âge idéal pour apprendre à lire. Encore une fois, il convient de suivre les intérêts de l’enfant. S’il montre un intérêt pour la lecture, il faut y aller ! Peu importe s’il a 2 ans et demi, 3 ans, 4 ans ou 5 ans. Quand l’enfant est dans la période sensible de la lecture, il faut en profiter. On sait qu’ensuite la tâche sera plus difficile.

Pendant des années, on disait qu’il ne servait à rien d’apprendre à lire avant 6 ans ou avant le CP. Et puis il y a eu l’essor de la pédagogie Montessori en France, et on a vu des enfants lire à 4 ans, voire à 3 ans de façon plus rare. C’est tellement rare d’ailleurs, que paradoxalement on en parle beaucoup et que les parents se projettent. Certains en viennent à se dire « Mince, mon enfant a 6 ans et il ne sait pas encore lire ! » 

Du coup, on aboutit à une pression inverse où les parents pensent qu’ils ont raté quelque chose ou que leur enfant est en retard. Pourtant la plupart du temps ce n’est pas le cas, tout simplement car certains enfants mettent du temps.

Comment savoir si c’est le bon moment pour apprendre à lire ?

On aimerait que l’enfant soit demandeur et que concrètement il aille voir ses parents pour leur demander d’apprendre à lire, mais ce n’est pas souvent le cas. Alors à quels signes peut-on reconnaître que l’enfant est prêt à apprendre à lire et que c’est le bon moment ?

D’abord, notons que chaque enfant a sa propre façon de montrer son intérêt. Avant même de présenter un attrait pour la lecture, les enfants vont commencer par s’intéresser à ce qui les entoure, aux lettres, à ce qui est écrit sur les panneaux, aux étiquettes sur les produits, etc. Ce peut être aussi des enfants qui font des rimes, car cela montre un intérêt à manipuler le langage. Ce sont toutes ces choses du quotidien qui permettent de prendre conscience que l’enfant est prêt pour l’entrée dans la lecture même s’il ne le formule pas explicitement.

On peut aussi sentir que l’enfant se désintéresse de quelque chose qui l’attirait beaucoup auparavant pour maintenant s’attacher aux lettres, aux sons, etc. Il demande à présent ce qui est écrit ici, quel son fait telle lettre ou comment s’écrit son prénom. L’enfant entre dans une phase où beaucoup de ses questions tournent autour du langage et des sons

Si votre enfant montre un intérêt pour les lettres et les sons alors il peut commencer à apprendre à lire

En tant qu’adulte, on n’a pas conscience de l’importance de l’écrit. Mais pour un enfant, poser des signes par écrit et que quelqu’un d’autre puisse en tirer un message est quelque chose de fou ! On a l’impression que les enfants découvrent un grand mystère quand ils comprennent que ce ne sont pas simplement des dessins. Ils s’en émerveillent. Plus généralement, tous les apprentissages des enfants sont de grandes découvertes. En tant qu’adulte, on ne s’en rend plus compte car c’est notre quotidien. 

Vouloir écrire et s’intéresser aux lettres c’est donc assez formidable pour un enfant.

Les retards et difficultés dans l’apprentissage de la lecture

Comment différencier un retard de lecture d’une dyslexie ?

Clairement, tous les enfants qui ont des difficultés de lecture ne sont pas dyslexiques. Bien sûr, il existe des enfants dysorthographiques ou dyslexiques. La dysorthographie est un trouble de l’écriture, la dyslexie un trouble dysfonctionnel de la lecture. Il est important de bien différencier les deux.

La définition de cette dernière a récemment été revue. Désormais, on peut dire qu’il y a dyslexie s’il y a au moins 6 mois de décalage entre le niveau de lecture attendu et celui acquis, malgré la mise en place d’aides. Concernant ce point, cela reste assez flou mais l’idée est que les aides mises en place ne suffisent pas à combler le retard de lecture. 

Cependant, certains enfants ont parfois un retard de lecture qu’ils parviennent à combler assez rapidement à condition qu’on leur donne les bonnes clés. La dyslexie demande au contraire beaucoup de temps et peut être associée à une dysorthographie. Il faut donc bien différencier le retard, qui peut être compensé en un temps réduit, du trouble durable qui demande une aide sur le long terme. 

Parfois on perd beaucoup de temps à faire des bilans et à diagnostiquer des enfants qui ont un simple retard de lecture et pour qui on aurait finalement pu mettre en place des aides plus tôt. Ils doivent passer par tout ce circuit de rendez-vous et de bilans orthophoniques et c’est dommage car on perd du temps. C’est d’autant plus regrettable que les outils non mis en place peuvent creuser la difficulté et le retard, surtout qu’un diagnostic de dyslexie ne se pose pas au moment du bilan. 

Par ailleurs, la dyslexie ce n’est pas seulement lire les lettres ou les mots dans le mauvais ordre. Il existe une multiplicité de signes de la dyslexie. Et on ne peut pas demander aux enseignants de les détecter car l’orthophonie est vraiment un métier à part entière. C’est donc aussi pour informer et aider ces parents et enfants en souffrance que le magazine est né. Le but est de proposer des ressources, des informations fiables et des réponses pour ne pas les laisser sans rien. C’est un vrai travail de vulgarisation. 

Quelles sont les 3 grandes difficultés de lecture existantes ?

Chaque enfant est unique mais quelques grands axes ressortent tout de même dans les difficultés liées à l’apprentissage de la lecture. 

  1. Le déficit en langage oral et en vocabulaire

Lors des bilans orthophoniques, on perçoit souvent un déficit dans le langage oral. Ainsi, certains enfants manquent de vocabulaire, utilisent des phrases très simples et des structures agrammaticales (non correctes vis-à-vis de la langue française). Or, on sait que le vocabulaire a un fort impact sur la lecture

Pour comprendre ce qu’on lit, il faut naturellement avoir accès au sens des mots. Si on se confronte uniquement à des mots qu’on ne connaît pas, on ne peut pas comprendre ! Ce serait comme connaître l’alphabet russe, mais aucun mot en russe… eh bien on ne comprendrait rien. En somme, plus le langage oral va être riche et développé, plus l’entrée dans l’écrit et la lecture vont être facilitées. Le lecteur débutant ne va plus seulement déchiffrer, mais accéder au sens.

  1. La conscience phonologique mal développée

Commençons par définir la conscience phonologique. C’est la capacité à manipuler les unités sonores plus petites que le mot. Les unités sonores sont les sons qui composent un mot. C’est donc la capacité de l’enfant à se rendre compte que pour former un mot on met toute une série de sons à la suite, qui, ensemble, font sens.

Cette manipulation des sons est très importante, car c’est ce qui permet d’entrer dans la lecture mais aussi dans la compréhension du système de l’écrit. 

C’est d’ailleurs pour cela qu’il est bon de repérer les enfants qui jouent avec les rimes, les syllabes et les sons. Toute cette dynamique autour des sons est fondamentale et c’est un bon indicateur pour déterminer si un enfant entre ou non dans la compréhension de l’écrit.

  1. Les problèmes de discrimination visuelle 

La discrimination et l’attention visuelle sont des éléments qu’on connaît moins. C’est tout le côté visuel de l’écrit. On l’oublie souvent, mais pour arriver à lire, l’enfant doit savoir discriminer, différencier.  

Dans la pédagogie Montessori notamment, c’est plus facile pour les enfants de différencier les lettres avec l’utilisation de la police d’écriture cursive. Par exemple un « b » et un « d » ne se ressemblent pas (au contraire des lettres écrites en police scripte que vous lisez ici). C’est d’ailleurs une des grandes raisons qui font qu’on utilise la cursive dans cette pédagogie.

C’est parfois simplement un problème de symétrie que le cerveau de l’enfant n’est pas en mesure de traiter. Tout le pan visuel est donc fondamental. S’il est bien intégré, l’enfant va réussir à aller au-delà de ces possibles confusions visuelles. Dans le cas contraire, des difficultés vont émerger.

Un problème de symétrie du cerveau peut compliquer l'apprentissage de la lecture

On commence néanmoins à parler du pôle visuel grâce aux neurosciences. Concrètement, on sait que le cerveau du très jeune enfant ne fait pas de différences entre deux images symétriques. 

La confirmation des théories sur l’apprentissage de la lecture par les neurosciences

Quelque part c’est fascinant de se dire qu’il y a des choses qu’on découvre par l’expérience, par la logique, ou grâce à l’orthophonie. Mais c’est toujours satisfaisant d’avoir confirmation par les neurosciences et de mieux comprendre comment tout cela fonctionne. On pense notamment au phénomène de l’écriture en miroir qui est normal tant que cela ne dure pas trop longtemps.

On a aujourd’hui la conjonction de l’expérience et de la science. La théorie confirme ce qu’on voit dans les faits. C’est une vraie révolution car on met des mots sur un ressenti. Certains enfants auront par exemple besoin d’entrer dans l’écrit par les capitales tandis que la cursive conviendra mieux à d’autres. De la même manière, l’utilisation d’une méthode globale fonctionnera mieux avec des enfants touchés par un trouble du spectre autistique. Même si je n’apprécie pas du tout cette méthode de manière générale, pour certains enfants, elle peut représenter la seule porte d’entrée dans l’écrit.

Il est finalement important de garder en tête que tous les enfants sont différents. Il existe des phénomènes universels d’un côté, et de l’autre des méthodes qui fonctionnent la plupart du temps mais pas pour certains besoins spécifiques. C’est donc à nous d’adapter notre posture et ce qu’on propose aux enfants.

L’importance de la mémoire dans les apprentissages

La mémoire est aussi un point à prendre en compte dans les difficultés liées à la lecture. On le voit avec certains enfants qui, arrivés à la 3e syllabe d’un mot, ont oublié la 1re ! Ces enfants savent déchiffrer mais ne parviennent pas à extraire le sens de ce qu’ils lisent car ils n’ont pas suffisamment développé leur mémoire de travail. L’enfant oublie au fur et à mesure ce qu’il lit et le texte ne fait donc pas sens.

C’était très réconfortant d’avoir le point de vue de Léa sur ces difficultés fréquentes, car dans ma formation Langage, souvent les parents se jettent sur les lettres rugueuses en se disant que leur enfant va apprendre à lire grâce à cet alphabet, à ces lettres. Et justement, je repousse la présentation de cette activité en consacrant d’abord tout un module aux prérequis à la lecture. J’y développe 3 axes : la conscience phonologique, la préparation de la main pour développer l’écriture, et l’enrichissement du vocabulaire. 

Par ailleurs, le travail visuel se fait à travers toute la Vie pratique, et l’attention et la mémoire sont au cœur des apprentissages montessoriens dans toutes les activités. Ce n’est pas travaillé spécifiquement, toutes les activités participent à cela.

Par quoi commencer pour poser les bases de la lecture ?

Comme expliqué plus tôt, il est important de poser les bonnes bases pour faciliter l’entrée dans l’écrit et éviter d’éventuelles difficultés ou des retards de lecture. 

Développer le vocabulaire 

Dès tout petit et même en grandissant, les comptines et la lecture d’histoires apportent énormément de vocabulaire. La richesse en termes de syntaxe, de vocabulaire et de diversité de phrase apporte énormément. 

les comptines et la lecture d'histoire facilitent l'apprentissage de la lecture

Dans la pédagogie Montessori, on va pouvoir tirer parti des images classifiées puis des cartes de nomenclature pour les plus grands. Ces supports permettent vraiment de développer le vocabulaire de façon ciblée, grâce aux leçons en 3 temps. 

Apporter un vocabulaire riche et spécifique

On va pouvoir nourrir un enfant fan de dinosaure en lui présentant des noms qui nous paraissent compliqués mais qu’il va retenir, car c’est là que se porte son intérêt. Et si on y réfléchit, certains mots du quotidien comme « télévision » ou « automobile » sont tout aussi compliqués que « brachiosaure ». Avec les images classifiées et les cartes de nomenclature, on va vraiment satisfaire pleinement les intérêts de l’enfant en apportant un vocabulaire riche et spécifique. 

Même si les mots ne serviront pas au quotidien, cela peut être un prétexte pour aller vers l’écrit et la lecture tout en prenant en compte ce qu’aime l’enfant. De toute façon, tout mot est intéressant. 

Cet intérêt qu’on va apporter au langage est essentiel pour la construction de l’enfant. Il va pouvoir exprimer ce qu’il aime, ce qui l’anime, car il aura les mots pour le dire. Quand on débute dans une matière, on s’aperçoit au contraire qu’on n’a pas les mots justes ou le bon vocabulaire pour s’exprimer. On voit alors à quel point on a besoin du vocabulaire pour parler et penser. Les mots permettent de préciser et approfondir la pensée puis de la transmettre. 

Utiliser les gestes avec les tout-petits et les associer aux mots

Le vocabulaire permet enfin au très jeune enfant de comprendre ce qu’on dit. Les bébés au début pointent les objets et on leur donne les mots correspondants. Dans la leçon en 3 temps Montessori, on passe par cette étape : d’abord on montre et on associe un nom. Dans le 2e temps, on demande à l’enfant de remontrer l’objet dont on dit le nom, ce qui est souvent plus facile pour les tout petits qui ne parviennent pas encore à articuler pour dire le nom eux-mêmes. Puis dans le 3e temps, qui peut arriver plus tard, l’adulte montre l’objet et l’enfant doit redire le mot. 

Dans un des numéros de Parentalité éclairée, il y avait d’ailleurs tout un article à propos de la langue des signes bébé avec des signes associés à la parole. Souvent les enfants nous montrent qu’ils ont associé le mot à l’objet mais ils ne sont pas encore capables de le prononcer et c’est intéressant de voir qu’avec les signes, ils peuvent l’exprimer autrement.

On voit qu’on peut donc développer la leçon en 3 trois temps et faire un triangle entre le mot oral, l’objet et le signe. C’est extrêmement riche pour les enfants et c’est important de bien associer la compréhension à l’expression.

Des connexions neuronales se développent ainsi sur les trois côtés du triangles, dans les deux sens à chaque, ce qui renforce l’apprentissage grâce à un réseau neuronal solide.

Parler à son bébé

Il faut bien avoir en tête que ce n’est pas parce qu’un bébé n’est pas en capacité de produire un mot qu’il ne peut pas le comprendre. C’est pour cette raison que parler à son bébé est primordial ! Si l’on ne parle pas aux enfants même très jeunes, ils ne pourront pas entrer dans le langage. Utiliser des signes permet de renforcer le langage et de voir qu’il a compris, qu’il sait ce dont on parle. 

Avant de produire de la parole ou même des signes, le bébé doit d’abord entendre le langage, puis le comprendre. Ce sont les 3 étapes du langage : entendre, comprendre, produire. Et elles sont finalement reprises dans la leçon en 3 temps de la pédagogie Montessori. 

Acheter le magazine Parentalité positive

Pour les parents qui souhaitent favoriser l’entrée dans la lecture et le langage, le magazine Parentalité positive est disponible sous 2 formats : papier et numérique. Il est possible de l’acheter au numéro et de s’y abonner. Il est également possible de précommander les numéros non encore parus, dont celui d’avril 2021 portant sur la lecture. Les contenus sont riches et de qualité et je vous les recommande sans réserve ! Vous trouverez aussi bien des articles de fond que des astuces à mettre en place au quotidien pour la parentalité et pour aider votre enfant à progresser dans le langage, la communication et l’écrit.

Apprendre à lire et à écrire grâce à la pédagogie Montessori

Vous souhaitez en apprendre davantage à propos de la pédagogie Montessori, en particulier pour l’apprentissage du langage et de la lecture ? Je vous invite alors à découvrir ma formation à distance en langage Montessori pour les 3-6 ans. Il s’agit d’une formation entièrement en ligne, accessible à vie dès votre inscription. Elle est extrêmement complète et fidèle à la pédagogie de Maria Montessori. Dans cette formation, vous trouverez les apports théoriques des neurosciences en lien avec le langage, les explications nécessaires aux présentations d’activités ainsi que des vidéos réalisées en direct avec un enfant qui apprend réellement à lire et à écrire. Pas-à-pas, vous découvrirez toutes les étapes nécessaires à l’apprentissage des sons, de la lecture et de l’écriture selon la pédagogie Montessori.Si la formation n’est pas ouverte au moment où vous lisez cet article, n’hésitez pas à rejoindre la communauté des Montessouricettes pour partager des discussions et recevoir des ressources sur la parentalité et la pédagogie Montessori. Vous serez aussi la première prévenue de la réouverture des inscriptions !

Formation langage Montessori, comment apprendre à lire à son enfant.
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